Auteurs de violence sexuelle sur enfants : développement de lignes directrices d’évaluation clinique avant prise en charge par thérapie comportementale et cognitive
Auteur / Autrice : | Marie Thomas |
Direction : | Martine Bouvard, Stéphane Rusinek |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | PCN - Sciences cognitives, psychologie et neurocognition |
Date : | Soutenance le 19/12/2018 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de psychologie et neurocognition (Grenoble ; Chambery ; 1996?-....) |
Jury : | Président / Présidente : Pierluigi Graziani |
Examinateurs / Examinatrices : Martine Bouvard, Stéphane Rusinek, Abdessalem Yahyaoui | |
Rapporteur / Rapporteuse : Lucia Romo, Abdel-Halim Boudoukha |
Mots clés
Résumé
Il existe un décalage important entre le nombre de personnes contraintes à des soins et celui de psychothérapeutes spécialisés dans cette prise en charge. L’objectif de la loi est très clair : inciter aux soins dans le but de prévenir la récidive. Pour y parvenir, les facteurs de risque statiques et dynamiques devraient être considérés ce qui nécessite une formation spécialisée en criminologie. L’objectif de cette recherche est de mettre en évidence, d’une part les éléments principaux à évaluer avant toute prise en charge par thérapie comportementale et cognitive, et d’autre part à sélectionner des outils qui permettent une meilleure évaluation des auteurs de violence sexuelle sur enfants (AVSE).Méthode : un entretien semi-structuré a été développé pour obtenir une conceptualisation et une contextualisation générales des violences sexuelles sur les enfants. Cet entretien, associé à une évaluation des troubles mentaux et de personnalité, a été évalué auprès de 19 hommes condamnés par la justice française pour des crimes et délits commis à l’encontre de mineurs de moins de quinze ans. Dans une seconde étude, nous avons étudié la désirabilité sociale (DS) et les trois dimensions de la personnalité (extraversion, névrosisme et psychoticisme) dans ce même groupe d’AVSE. Dans la mesure où nous ne disposions pas de normes françaises à l’échelle de DS, nous avons étudié cette variable dans un groupe de 418 sujets issus de la population générale. Nous avons comparé les résultats des 19 AVSE avec ceux de deux groupes contrôles : des sujets violents (n=19) et non violents (n=19). Notre troisième étude nous a permis d’analyser l’activation de schémas précoces inadaptés (SPI) dans notre échantillon clinique et de comparer ces résultats à nos deux groupes contrôles.Résultats : la première étude nous a permis de définir les éléments importants à évaluer par tout professionnel du soin formé en thérapie comportementale et cognitive : les expériences d’adversité vécues pendant l’enfance, l’estime de soi, la sphère émotionnelle, l’assertivité, la sexualité normale, la vision négative passée de la conjointe et de la femme, le rapport à autrui, les théories implicites et les schémas cognitifs. L’étude de la DS en population générale nous a fourni des valeurs de référence de la version francophone de l’outil. Notre première hypothèse (les scores des AVSE à l’échelle de DS sont supérieurs à ceux des sujets non violents) est validée. Notre seconde hypothèse (les scores des AVSE à l’échelle de DS sont supérieurs à ceux de sujets violents) n’est pas validée. Concernant les SPI, notre première hypothèse (les AVSE ont des scores plus élevés à l’échelle que les sujets non violents) est validée et notre deuxième hypothèse (les AVSE obtiennent des scores plus élevés que les sujets non violents aux SPI surcontrôle émotionnel, isolement social, méfiance/abus, abandon/instabilité, assujetissement et imperfection/honte est validée partiellement.Discussion : la conceptualisation de la problématique de l’AVSE avant une prise en charge comprend les neuf éléments retenus à partir de l’analyse de contenu des entretiens. Nos trois études nous ont permis de préconiser également l’évaluation des besoins fondamentaux, des buts, des valeurs associés et les stratégies de résolution de problème. Une mesure de la qualité de vie serait un atout. Associés à ces variables, plusieurs outils d’évaluation se sont révélés pertinents : l’entretien structuré MINI International Neuropsychiatric Interview pour évaluer les troubles mentaux, le Personnality Disorder Questionnaire 4+ pour évaluer les troubles de personnalité, l’échelle abrégée de désirabilité sociale forme C et le Young Schema Questionnaire-Short form 3 pour étudier les SPI. Nous recommandons l’Eysenck Personality Questionnaire Revised pour évaluer les trois dimensions de la personnalité et l’échelle auto-rapportée Self-Report Psychopathy Scale-III pour évaluer les quatre facettes de la psychopathie.