Thèse soutenue

Conflit et comportements de santé : le rôle des cognitions compensatrices et du contrôle de soi chez des individus atteints de cardiopathies

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Auteur / Autrice : Cyril Forestier
Direction : Aïna ChalabaevBenoît Allenet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Mouvement et Comportement pour la santé et l'Autonomie
Date : Soutenance le 29/11/2018
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Sport et environnement social (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Fabienne d' Arripe-Longueville
Rapporteur / Rapporteuse : Julie Boiché, Olivier Desrichard

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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En 2015, les pathologies cardiovasculaires étaient responsables de 18 millions de décès par an dans le monde, ce qui en fait la principale cause de mortalité liée aux maladies non-transmissibles. Il a été mis en évidence que des changements de comportements multiples en termes d’activité physique, d’alimentation, de consommation de tabac, et d’observance médicamenteuse, représentaient des moyens efficaces de prévenir l’émergence de cardiopathies chez des populations générales, et des rechutes après un accident cardiaque. En psychologie sociale et de la santé, la compréhension des déterminants des comportements de santé s’est principalement appuyée sur deux approches : l’approche socio-cognitive et l’approche duale. Bien que ces modèles aient identifié plusieurs prédicteurs du comportement, ils sont porteurs de limites qui les rendent difficilement applicables au cadre du changement de comportements multiples. D’une part, ces approches proposent des déterminants spécifiques à un comportement, ce qui ne permet pas de comprendre ce qui détermine l’adoption de plusieurs comportements simultanément. D’autre part, ils ne prennent pas en compte la nature des comportements de santé. Or, les comportements diffèrent sur un certain nombre de caractéristiques, et les comportements pathogènes peuvent s’opposer aux comportements salutogènes, générant alors un conflit chez l’individu. Dans le cadre des changements de comportements multiples, une mauvaise gestion de ce conflit pourrait expliquer la prévalence des comportements pathogènes. Ce travail doctoral a investigué le rôle de deux processus de réduction du conflit pertinent dans le cadre du changement de comportements multiples : les cognitions compensatrices et le contrôle de soi. Plus précisément, ils ont cherché à évaluer (1) dans quelle mesure le mécanisme inter-comportemental des cognitions compensatrices pouvait perturber la formation d’intention envers des comportements de santé ; et (2) si le contrôle de soi était un déterminant aspécifique permettant l’émergence de plusieurs comportements de santé. Nous avons répondu à ces questionnements à travers quatre études empiriques décrites dans trois manuscrtis. Le premier a évalué le rôle délétère des cognitions compensatrices (en dissociant celles-ci selon la nature des comportements) sur la formation d’intentions envers différents comportements de santé, chez des individus atteints de cardiopathies. Les résultats ont montré que ces croyances peuvent avoir des effets négatifs sur les intentions à certains niveaux d’auto-efficacité et de risques perçus. Le deuxième manuscrit présente une étude qui a évalué dans quelle mesure le modèle du contrôle de soi, auquel nous avons intégré une mesure de l’état de la capacité de contrôle de soi, prédisait les comportements de santé. Nos résultats montrent des processus globalement différenciés selon le type de comportement : activité physique/sédentarité, alimentation équilibrée/déséquilibrée, et consommation de tabac. Plus précisément, ils suggèrent que l’effort de contrôle de soi prédirait les comportements pathogènes, et que l’état de la capacité de contrôle de soi prédirait les comportements salutogènes. Le troisième manuscrit a cherché à confirmer ces résultats chez deux populations, l’une d’étudiants, l’autre d’individus atteints de cardiopathies, en testant le modèle du contrôle de soi en contexte naturel et dans un devis longitudinal. Bien que des différences dans les patterns de résultats soient observés selon la population, les résultats semblent confirmer le rôle de l’effort de contrôle de soi sur les comportements pathogènes (sédentarité et alimentation déséquilibrée), et de la capacité de contrôle de soi sur les comportements salutogènes (activité physique). L’ensemble de ces résultats ouvrent la voie vers la construction d’interventions ciblant ces deux composants du modèle du contrôle de soi, afin d’améliorer l’adhérence aux comportements de santé chez des populations cardiaques.