Les interlocuteurs de Socrate dans les Dialogues de Platon
Auteur / Autrice : | Martina Di Stefano |
Direction : | Marie-Laurence Desclos, Fulvia De Luise |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 21/09/2018 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) en cotutelle avec Università degli studi (Trente, Italie). Dipartimento di lettere e filosofia |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de philosophie de Grenoble (Isère, France ; 1983-....) |
Jury : | Président / Présidente : Dimitri El Murr |
Examinateurs / Examinatrices : Lidia Palumbo, David Bouvier | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Dimitri El Murr, Andrea Capra |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Durant les dernières décennies, l’attention à la « forme dialogue » a ouvert la voie à un renouvellement radical des études platoniciennes et à un intérêt, quoique limité, aux personnages des Dialogues. Cet intérêt s’est toutefois focalisé presque exclusivement sur Socrate et sur la définition des traits de son personnage. En revanche, on n’a guère orienté les recherches sur les interlocuteurs ; cette thèse vise donc à montrer leur rôle fondamental dans la communauté discursive de six dialogues : Alcibiade Majeur, Charmide, Théétète, Gorgias, République (livres I, II et V), Philèbe. Tout d’abord, certains personnages incarnent les antagonistes de Socrate et « représentent les dimensions culturelles et les nœuds théoriques actifs et présents au sein de la société à laquelle Platon renvoie dans son réexamen critique » (Vegetti). À cet égard, leur présence s’avère importante pour observer comment les Dialogues sont moins l’exposition d’une doctrine que la mise en scène d’un autre rapport au savoir, permettant ainsi de définir a contrario la philosophia. À partir de la liste que Socrate lui-même dresse dans l’Apologie, nous avons dès lors établi une typologie qui oppose les rivaux de Socrate et les jeunes. Au sein de ces deux catégories majeures, nous avons pu apprécier des différences concernant l'âge et l'attitude à l'égard du savoir. Avant d’entamer l’analyse des personnages il a été toutefois nécessaire de définir ce que l’on entend par « interlocuteur ». Les textes montrent en effet de nombreuses nuances dans leur interaction ou leur présence et la définition des traits qui caractérisent les interlocuteurs a été fondamentale pour l'analyse des textes. Les termes ont été groupés en deux catégories : ceux qui identifient les interlocuteurs sur la base de la destination de la conversation (public, auditeurs, spectateurs, présents/absents) et d'autres qui décrivent la relation des interlocuteurs avec Socrate et avec le discours. L'analyse du corpus a été ensuite orientée à partir de la définition du dialogue de Diogène Laërce (Diog. Laer. 3.48.7-11.), qui nous a permis de déceler deux éléments fondamentaux des échanges dialogiques : la pratique discursive, à savoir l’enchaînement des questions et réponses, et la caractérisation des interlocuteurs. Nous avons ainsi pu relever que les traits de caractère et les caractéristiques sociales des interlocuteurs déterminent leur capacité de dialoguer. Cet examen a donc confirmé que la typologie de l’Apologie et le lexique définissant l'interlocuteurs ne restent pas lettre morte dans les Dialogues, mais sont avant tout mis en scène grâce aux interlocuteurs. Enfin, nous avons examiné trois phénomènes discursifs qui entravent le dialogue ou qui ne remplissent pas toutes les conditions de l'échange dialectique : le silence, l'ironie et le recours aux images. Si Platon veut sans doute montrer, à travers ces obstacles, l’impossibilité de « tisser un discours commun en l’absence d’un monde partagé de valeurs » (Fussi), c’est aussi parce qu’il reconnaît que la persuasion philosophique ne saurait s’exercer qu'au-delà de la fiction dialogique.