Thèse soutenue

La blessure créatrice : littérature et mysticisme chez Meddeb et Khatibi

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Auteur / Autrice : Abdelkader Amri
Direction : Claude Coste
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres et arts spécialité littératures française et francophone
Date : Soutenance le 14/12/2018
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Arts et pratiques du texte, de l’image, de l’écran et de la scène (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Sylvie Brodziak
Examinateurs / Examinatrices : Sonia Zlitni-Fitouri, Ridha Boulaâbi
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Brodziak, Mohamed Lehdahda

Mots clés

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Résumé

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On a souvent défini le soufisme comme le voyage de l’esprit, dont le but est de chercher la vérité et de percer l’opacité de monde des mystères. Ainsi, dans son interprétation de l’existence, Ibn ‘Arabi estime que le monde est créé à partir d’un souffle divin : « Sois » (Kun), adressé aux êtres afin qu’ils sortent hors de la préexistence pour entamer une existence effective. Cette interprétation laisse admettre que le monde naquit de la langue et que toutes les créatures sont issues de cette parole. Ainsi, l’ordre divin est une parole (kalima) et toute parole est blessante, notamment parce que le mot « kalima » est dérivé du kalam (blessure). Selon Ibn ‘Arabi, le kalam est la trace laissée sur le blessé. Dans ce cadre, l’ordre divin « sois » (Kun), en rendant manifeste les images de la préexistence, devient une blessure créatrice.Meddeb et Khatibi suivent les mêmes voies qu’Ibn ‘Arabi. Ils ont investi la notion de blessure pour construire une vision du monde. Leur expérience consiste à affranchir l’homme des entraves qui réduisent sa liberté et sa mobilité sous toutes leurs formes. Mais cette expérience s’applique à transgresser la loi pour pouvoir accéder à la vérité. En effet, la vérité que cherchent nos auteurs est différente de la religion et de la raison qui entravent l’homme. Pour transcender le préconçu afin de créer un monde nouveau, Meddeb et Khativi sont partis de la blessure de la langue puisque la culture arabe est fondée sur la lettre et le miracle linguistique, sur la langue coranique comme idéal. Ils se sont intéressés à la langue, depuis la lettre jusqu’à la phrase et au texte. Dans leur cheminement, ils ont opté pour le mélange des langues, une attitude qui vise à déposséder la langue arabe de sa pureté et de sa vérité divine pour la rendre à l’homme. Afin toujours de rendre la langue à l’histoire, ils sont passé de la langue coranique à la quête d’un autre idéal dans les traces que propose la poésie antéislamique, l’image du corps, les rituels et les métaphores. Ce métissage linguistique, culturel et religieux aboutit ainsi à une autre vision du monde. En effet, cette autre vision correspond à la reconstitution d’une forme de totalité humaine qui coïncide avec la littérature et la diversité des langues contre une totalité divine incarnée dans le Coran et le mysticisme religieux. Dans cet ordre d’idées, prôner la totalité, l’amour et la reconnaissance de l’autre devient une réponse au conservatisme islamiste et donne une nouvelle image de l’islam, différente de celle brouillée de violence. Ainsi, Meddeb et Khatibi repensent quelques convictions considérées comme fondamentales dans la religion islamique, mais qui le figent dans la violence et l’enfermement. Ainsi, le mysticisme s’écarte de Dieu pour devenir un moyen de penser un humanisme dans un monde en crise.