Entre art et politique : Christine de France, duchesse et régente de Savoie (1619-1663) : définition d’une identité politique et artistique au service de la dynastie
Auteur / Autrice : | Florine Vital-Durand |
Direction : | Giuliano Ferretti |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance le 21/06/2018 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Arts et pratiques du texte, de l’image, de l’écran et de la scène (Grenoble) |
Jury : | Président / Présidente : Géraud Poumarède |
Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Macé, Pierpaolo Merlin, Guillaume Cassegrain | |
Rapporteur / Rapporteuse : Géraud Poumarède, François Roudaut |
Résumé
L’historiographie récente a souvent considéré la politique artistique de Christine de France, duchesse et régente de Savoie (1619-1663), fille de Marie de Médicis et de Henri IV, comme déterminante pour maintenir la stabilité du duché au moment critique où les petits États européens périclitent. Or, cette vision d’un État intermédiaire survivant aux conquérants environnants (France, Espagne) par l’habile politique de prestige de « Madame Royale » est à renouveler. Au décès de son époux Victor-Amédée Ier de Savoie elle assure la régence de ses fils, statut qui lui est immédiatement contesté par ses beaux-frères les princes de Carignan, plongeant le duché dans la guerre civile (1638-1642). Le grand dessein de Christine fut de porter ses ambitions royales comme celles de la maison de Savoie, mais le terreau sur lequel elle a semé fut en grande partie celui de ses prédécesseurs ayant déjà posé les marqueurs de l’identité culturelle dynastique. Dans leur sillage, elle fut la mécène de la ''comittenza'' monumentale, à l’éclat immédiat relayé par la gravure : doter l’urbanisme de Turin et sa « Couronne de délices » de dimensions auliques, offrant les cadres prestigieux d’entrées solennelles et de fêtes de cour impressionnantes ; s’auréoler d’alliances illustres ; diffuser une image gravée prestigieuse du duché. En revanche, son rapport aux arts présente des inégalités, la peinture ou la sculpture n’innervant pas ses actions et encore moins ses appétences personnelles : Madame Royale n’a pas embrassé l’esprit de l’« Honnête Femme » de la République des Lettres alors qu’elle fut en politique une « Femme Forte », au service de sa dynastie. Sa longue régence n’ayant rien d’un statu quo a permis une stabilisation salvatrice de l’État, dans une alliance avec la France qui, loin d’être une subordination, a eu pour effet d’en assurer l’indépendance relative. Quant à ses propres représentations, elle utilise au début de son règne l’imagerie régalienne dans ses portraits pour ensuite changer de cap dans son âge mûr physique comme politique : à partir de sa régence jusqu’à la passation effective de pouvoir à son fils Charles-Emmanuel II, elle choisit une définition d’elle-même plus authentique et plus empreinte de dévotion.