« Ce n’est pas arrivé ici » : sociologie politique de la réception du néo-libéralisme dans le système politique français depuis les années 1970
Auteur / Autrice : | Kevin Brookes |
Direction : | Raul Magni Berton, Emmanuel Taïeb |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 03/12/2018 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France) |
Jury : | Président / Présidente : Christophe Bouillaud |
Examinateurs / Examinatrices : Sébastien Caré, Florence Haegel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Monica Prasad, François Facchini |
Résumé
Cette recherche rend compte des difficultés de la diffusion des idées néo-libérales dans la vie politique française de 1974 jusqu’à 2012. Son premier apport consiste à démontrer – à travers un large panel de données sur les politiques publiques, l’opinion publique et les programmes des partis – qu’en France le succès des idées néo-libérales a été moindre par rapport aux autres pays européens. Son deuxième apport consiste à expliquer cette anomalie française, en contribuant plus généralement à la question de la diffusion des idéologies dans un système politique. La réponse se base sur une double étude : une analyse micro-historique centrée sur les acteurs (à partir d’entretiens et d’un travail sur les archives des organisations internationales de promotion du néo-libéralisme), couplée à une analyse macro-sociologique centrée sur les caractéristiques du contexte national. Il est montré que si la diffusion du néo-libéralisme a été moins importante en France par rapport à d’autres pays voisins, c’est en raison de la forte résistance de l’opinion publique à son égard. Celle-ci a restreint la fenêtre d’opportunité de ses partisans de manière directe en incitant les hommes politiques à ne pas mettre en œuvre des politiques publiques trop congruentes avec cette idéologie, et de manière indirecte, en exerçant une influence sur le discours économique et social des principaux partis politiques pouvant légitimer la mise en œuvre de mesures libéralisant les politiques publiques. De plus, la structure des institutions françaises a renforcé l’effet de « dépendance au sentier » dans la fabrique des politiques publiques en valorisant l’expertise d’État contre celle d’acteurs susceptibles de remettre en cause le consensus existant comme les universitaires et les think tanks. Enfin, à partir de la réalisation d’une socio-histoire inédite du mouvement néo-libéral depuis les années 1970, d’autres facteurs plus contingents sont identifiés. La fragmentation et la radicalité des partisans du néo-libéralisme, ainsi que la quasi absence d’entrepreneur politique susceptible d’incarner ces idées, ont contribué à la marginalité de ces idées dans le débat public.