Rôle de l'organisation de l'espace de travail sur les activités effectives et empêchées des enseignants : rôle de la configuration de la salle de sciences dans l'apprentissage de la compétence d'argumentation
Auteur / Autrice : | Isabelle Lermigeaux |
Direction : | Michel Grangeat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'Education |
Date : | Soutenance le 16/11/2018 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de recherche sur les apprentissages en contexte (Grenoble, Isère, France) |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Dessus |
Examinateurs / Examinatrices : Karine Bécu-Robinault, Laurent Jeannin | |
Rapporteur / Rapporteuse : Lucie Mottier Lopez, Patricia Marzin |
Résumé
L'organisation de l'espace de travail est un aspect du contexte instrumental d'enseignement (Grangeat & Hudson, 2015). A ce titre, l'appropriation de l'espace de la classe en tant qu'instrument (Rabardel, 1995) est susceptible de faciliter l'activité du professionnel ou au contraire réduire son pouvoir d'agir (Clot, 2008), en empêchant ou limitant certaines actions et interactions. L'espace de la classe est un espace relationnel (Löw, 2001) porteur d'un message plus ou moins fort de frontalité, qui détermine une structure de communication plus ou moins orientée entre les élèves et l'enseignant (Fisher et Fousse, 2002). Le placement des élèves a une incidence sur leurs performances (Perkins &Wieman, 2005 ; Brooks, 2011, 2012) et il semble aussi que les interactions entre élèves diffèrent selon la facilité d'accès de l'enseignant à leur espace de travail (Issaadi et Jaillet, 2017). L'espace de la classe est aussi l'espace de l'activité (Leplat, 2000), dans lequel l'enseignant se place et se déplace, en jouant sur les codes de la proxémie et en utilisant des lieux spécifiques (Hall, 1968, Forest, 2006). Les déplacements apparaissent comme des gestes professionnels, exprimant les connaissances professionnelles et la perception des affordances spatiales (Gibson, 1979 ; Warren &Wang, 1987) de l'enseignant.Cette recherche a analysé les placements et déplacements de l'enseignant sous l'angle de l'analyse de l'activité, en questionnant l'accessibilité (Vickerman, 1974) de quatre espaces de classe (Îlots, Bus, Hybride et Peigne). L'objectif était d'examiner dans quelle mesure les contraintes liées à l'espace de travail modifiaient les interactions entre l'enseignant et les groupes d'élèves. La méthodologie s'est appuyée sur la cartographie comportementale suivant Legendre et Depeau (2003), pour croiser les données spatiales et temporelles liées aux déplacements et les données relatives aux processus d'apprentissages, reposant sur l'analyse des échanges verbaux intragroupes d'argumentation, de régulation de la réalisation de la tâche et motivationnels et sur l'analyse des échanges enseignant-groupes, dans le contexte de l'enseignement des sciences fondé sur l'investigation. Ce contexte présente des contraintes spécifiques liées à l'espace dans la mesure où le mobilier est fixé au sol, et réclame une organisation adaptée au travail en petits groupes. Deux construits, l'accessibilité potentielle et la proximité réelle ont été mobilisés dans cette recherche.Les résultats montrent qu'une valeur d'accessibilité potentielle caractérise chaque configuration, et que la proximité effective de l'enseignant vis-à-vis des groupes d'élèves apparaît corrélée à l'accessibilité potentielle du groupe d'élèves. Ils montrent aussi que bien que les interactions verbales enseignant-groupes ne diffèrent pas selon la configuration, la qualité de la régulation intragroupe et la qualité du processus d'argumentation sont affectées par la configuration, et que leur qualité est moins bonne quand l'accès est plus difficile, ce qui questionne le rôle de la perception d'accessibilité. Les construits d'accessibilité potentielle, de proximité réelle et l'utilisation d'une méthodologie d'analyse géospatiale des interactions de classe sont proposés en tant que moyen d'évaluation des nouveaux espaces d'apprentissage qui émergent avec la généralisation des outils numériques en classe.