Le décrochage scolaire au lycée : analyse des effets du processus de stress et de l'orientation scolaire, et des profils de décrocheurs
Auteur / Autrice : | Fernando Nunez-Regueiro |
Direction : | Pascal Bressoux, Olivier Cosnefroy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'Education |
Date : | Soutenance le 21/06/2018 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de recherche sur les apprentissages en contexte (Grenoble, Isère, France) |
Jury : | Président / Présidente : Joël Zaffran |
Examinateurs / Examinatrices : Pascal Bressoux, Pierre-Yves Bernard | |
Rapporteur / Rapporteuse : Isabelle Archambault, Benoît Galand |
Mots clés
Résumé
De nombreux travaux se sont intéressés aux facteurs sociaux et scolaires du décrochage situés au niveau de l’école élémentaire ou du début du collège (e.g., difficultés scolaires liées à une origine sociale défavorisée). En complément, un besoin de recherche existe pour mieux comprendre le décrochage au lycée et le « processus de stress » qui le sous-tend (Dupéré et al., 2015). Les travaux de cette thèse visent à combler ce besoin en analysant les données administratives et auto-rapportées portant sur des lycéens des filières professionnelles et générales ou technologiques suivis pendant trois ans à partir de la classe de 2nde (N > 1900, dont 17% de décrocheurs). Premièrement, nos analyses multiniveaux montrent que, à caractéristiques comparables en termes d’origine sociale et de parcours scolaire en amont du lycée, le processus de stress au début du lycée augmente le risque de décrochage scolaire en diminuant les perceptions de justice scolaire, de contrôle sur la scolarité et de soutien enseignant (i.e., ressources et besoins protecteurs face au stress), ainsi que l’engagement et les résultats scolaires (i.e., facteurs proximaux du stress). Deuxièmement, quel que soit le parcours de vie de l’élève, le fait d’intégrer une spécialité de formation offrant des perspectives d’emploi plus défavorables facilite le décrochage. De même, intégrer une spécialité moins prestigieuse augmente le risque de décrocher, mais uniquement chez les élèves qui perçoivent peu de contrôle ou de justice au lycée. Troisièmement, des analyses de trajectoires scolaires indiquent l’existence de 4 profils de décrocheurs qui se distinguent aussi bien au niveau de leur parcours de vie que de leur processus de stress. La majorité d’entre eux (60%) présentent des profils d’élèves « dans la norme » au cours du lycée et s’avèrent surreprésentés dans les filières plus défavorisées. Globalement, ces résultats suggèrent que le décrochage au lycée n’est pas réductible aux facteurs de risque précoces mis en avant dans la littérature, mais qu’il tient aussi à l’existence de formations peu porteuses en termes d’emploi et au processus de stress qui résulte, pour certains élèves, de la relégation socio-scolaire. Des implications sont tirées concernant la manière de concevoir et de lutter contre le décrochage dans une approche combinant ces dimensions (i.e., l’orientation scolaire et le développement individuel).