Thèse soutenue

Performativité de l’être-en-ligne : pour une phénoménologie de la présence numérique

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Auteur / Autrice : Giuseppe Cavallari
Direction : François-David SebbahMarcello Vitali-Rosati
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie et Sciences de l’Information et de la Communication : Unité de recherche COSTECH (EA-2223)
Date : Soutenance le 06/11/2018
Etablissement(s) : Compiègne en cotutelle avec Université de Montréal (1978-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 71, Sciences pour l'ingénieur (Compiègne)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Connaissance Organisation et Systèmes TECHniques / COSTECH

Résumé

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Autour d'une question fondamentale comme celle de la présence, nous mobilisons une littérature interdisciplinaire grâce à laquelle les contributions de l'anthropologie et de la géographie sociale, de la théorie du théâtre et du cinéma, des performance studies, de la psychanalyse et de la sociologie, sont articulées dans la perspective de la phénoménologie et des sciences de l'information et de la communication. Notre façon d'habiter le monde a changé : l'être-en-ligne se révèle alors comme étant la nouvelle condition existentielle. La connexion au réseau, le web, les applications, dans leur ensemble, disposent les choses et les personnes selon des relations opérationnelles de proximité spatio-temporelle. Notre espace est un espace performatif, car il se produit à partir de nos actions, nos postures et nos gestes, gestes photo-graphiques, éminemment réflexifs, qui créent la mise en scène numérique. En allant au-delà du modèle de « l'interface », cette mise en scène est devenue la spatialité de raccordement de tous nos espaces d'action. Nous identifions alors la performativité du direct et de l’enregistrement, la performativité de l’être en train de…, de l’attention présentielle et du « suspens gestuel », la performativité des algorithmes et des notifications, la performativité des emoji et de tout ce qui «fait visage»; et encore, la performativité des questions et des messages automatiques derrière lesquels parfois il y quelqu’un et d’autres fois il n’y a personne (comme lorsqu’on sonne à la porte dans une scène de La cantatrice chauve). A la lumière d'une analyse socio-sémiotique de la gestuelle numérique, des écrans, du graphisme propre aux réseaux sociaux et aux applications de messagerie instantanée tout comme des « protocoles de la vie quotidienne », nous décrivons la présence comme étant toujours l'effet d'une médiation. Cette médiation est, à la fois, disjonction et fiction, car elle se manifeste dans l'écart et dans la différence aussi bien que dans la fiction de l'hypermédiatété. Il y a de la présence, en somme, s'il y a du jeu, au sens spatiale de l'expression « il y a du jeu » mais aussi au sens fictionnel et ludique du jouer à.…. Comme le garçon du café décrit par Sartre, nous jouons, fictionnons et de-fictionnons le réel, en faisant « comme si » était vrai ce qui, par ailleurs, l'est vraiment.