Nouveaux alliages, nouvelles alliances : le laiton et ses dérivés en Europe (France-Angleterre) au 18e siècle
Auteur / Autrice : | Elisabeth Antoni |
Direction : | André Guillerme |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Epistémologie, histoire des sciences et des techniques. Histoire des techniques modernes et contemporaines |
Date : | Soutenance le 02/02/2018 |
Etablissement(s) : | Paris, CNAM |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Abbé Grégoire (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Histoire des technosciences en société (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Marc Bompaire |
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Françoise Garçon, Marina Gasnier |
Mots clés
Résumé
La petite métallurgie du cuivre – laiton, bronze, plaqué, dorure, argenture – et la quincaillerie fine associée sont, en France, après la Guerre de Sept Ans jusqu’à la veille de la Révolution, de 1765 à 1790 environ, un secteur de l’économie du luxe à la pointe de l’innovation et très concurrentiel, capable de rivaliser avec l’Angleterre, une nation jusque là tenue comme « invincible ». Une première série de travaux en micro-histoire a aidé à redresser l’image de la « révolution » industrielle, mais la vision hiérarchisée des relations entre les différents acteurs subsistant, profitait à certains (gros merciers et entrepreneurs ; techniciens) au détriment d’autres. Au fil des recherches, s’est dégagée une vision plus complexe du milieu parisien de la curiosité, démontrant que les acteurs principaux, les merciers, étaient en général entourés de nombreux correspondants associés à leurs affaires et qui n’étaient pas de simples exécutants. Il fallait en retrouver trace par un dépouillement systématique des archives de Paris et de Londres.A la lumière des sources nous avons poussé les portes d’ateliers d’artisans-fabricants parisiens, découvrant leurs mises en scène de la technique et l’expression d’une pensée technologique : les équipements et les outils matérialisant leurs capacités à s’organiser ; les matières et matériaux, affichant leurs capacités à diversifier les nouveaux alliages et à en affiner les qualités ; les nombreux modèles affichant des intentions de décliner des gammes d’objets et de jouer sur les complémentarités entre métiers; les techniques de finition par jeux d’éclats, imitations, raffinement prouvant leurs implications dans une quête de la perfection.Mais la technicité et la spécialisation exigent de la sous-traitance, donc le recours à d’autres métiers et réseaux. Or, les contraintes corporatives à Paris à l’époque interdisent à l’artisan de vendre ce qu’il ne fabrique pas. Son corollaire est le privilège marchand de vendre tout ce qu’on n’a pas fabriqué, une prérogative qui donne à ce Corps l’ascendance sur les autres. Notre dépouillement de grosses affaires commerciales à Paris mais aussi à Londres démontre que le secteur du luxe prospère grâce à l’économie marchande et à la dynamique basée sur la multiplicité des métiers et des cultures. Cette dynamique est d’autant activée par la polyvalence de certains intermédiaires, dont la minorité de marchands juifs de Londres. Les archives de faillite confirment que les communications entre les marchands parisiens et les membres de ce réseau ont été porteuses de savoirs technologiques pratiques et que l’histoire de la technologie est inscrite dans ces alliances.