Thèse soutenue

Impact des fibres alimentaires et des acides gras à chaîne courte sur le dialogue tube digestif, foie et tissus périphériques, dans le cadre d'une surnutrition.

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Auteur / Autrice : Ahmed ben Mohamed
Direction : Didier RémondIsabelle Savary-Auzeloux
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie et biologie des organismes - populations - interactions
Date : Soutenance le 06/12/2018
Etablissement(s) : Université Clermont Auvergne‎ (2017-2020)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des sciences de la vie, santé, agronomie, environnement (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Unité de nutrition humaine (Clermont-Ferrand)
Laboratoire : Unité de Nutrition Humaine - Clermont Auvergne / UNH

Résumé

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Une des causes de l’augmentation de la prévalence de l’obésité et des maladies chroniques au niveau mondial (notamment dans les pays occidentaux) est la consommation de régimes hypercaloriques. A l’inverse la consommation d’un régime riche en fibres alimentaires est favorable à une bonne santé. Or la consommation de fibres alimentaires dans les pays occidentaux (20 g/j en France) est inférieure aux recommandations alimentaires préconisées par les organismes de santé (30 g/j). Un des moyens possibles d’augmenter l’ingestion des fibres est la mise à disposition d’aliments enrichis en fibres, et en particulier de fibres capables d’impacter favorablement sur la santé métabolique (les fibres fermentescibles). L’objectif de ma thèse a donc été de déterminer si, chez des mini-porcs en situation de surnutrition, une supplémentation en un mélange de fibres fermentescibles inclues dans un aliment de consommation courante (le pain) était capable de limiter l’apparition des désordres métaboliques associés au développement de l’obésité. Quatorze mini-porcs femelles ont été nourries 2 mois avec un régime en surnutrition enrichi en saccharose (10% p/p) et huile de palme (10% p/p) supplémenté ou non avec un mélange de fibres (25 g/j, pectine, inuline et amidons résistants) inclues dans un pain (250 g/j). Les animaux ont été cathétérisés au niveau intestinal et hépatique pour mesurer les flux nets splanchniques de nutriments durant l’adaptation aux régimes expérimentaux. Des fèces ont été prélevés pour analyser le microbiote et son activité. A l’euthanasie des animaux (après 56 jours de traitement nutritionnel), des tissus (jéjunum, caecum, foie, muscle, tissu adipeux) ont été prélevés pour un phénotypage métabolique (histologie, transcrits de gènes, protéomique).Nous avons mis en évidence que la supplémentation en fibres fermentescibles, après 2 mois de surnutrition, permettait de limiter la prise de poids corporelle, l’accumulation de gouttelettes lipidiques dans le foie et stimulait l’activité oxydative des tissus périphériques (comme le muscle). La moindre accumulation de gouttelettes lipidiques dans le foie est associée à une réduction de l’entrée des lipides (Fabp1) et une baisse probable de la lipogenèse (Srebp-1c). Ce mécanisme, confirmé par l’analyse des flux de nutriments, a induit une augmentation de la biodisponibilité en nutriments énergétiques vers les tissus périphériques. Les nutriments en excès sont pris en charge par le muscle via une augmentation de l’activité oxydative (↑ ARNm Pgc1α, Pparα, Nrf2, Acox, Ucp2, sdha, Cpt1-m). Ces modulations de dialogue foie- muscle avec la supplémentation en fibres pourrait passer par GLP1 et/ou GLP2 synthétisés par les cellules L de l’intestin (↑ ARNm de GCG jéjunum) et par une stimulation de la signalisation par les acides gras à chaine courte (AGCC) dans le caecum (↑ ARNm GPR41) mais probablement pas par une action directe des AGCC sur les tissus périphériques. Ces résultats montrent donc une amélioration du profil métabolique des mini-porcs en surnutrition lors de la supplémentation en fibres alimentaires fermentescibles via une réorganisation de l’utilisation des nutriments entre le foie et les tissus périphériques et une adaptation de leurs activités métaboliques. La quantité de fibres et de pain supplémentées dans notre étude, raisonnable, permet d’envisager une étude chez l’homme pour valider ces concepts et la stratégie nutritionnelle.