Thèse soutenue

La jubilation dans l'oeuvre d'Alberto Caeiro et Álvaro de Campos

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Auteur / Autrice : Josiane da Trindade Damasceno Steinmetz
Direction : Ana Maria Binet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études ibériques et ibéro-américaines
Date : Soutenance le 12/07/2018
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : AMERIBER-Amérique latine, Pays ibériques (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Éric Benoit
Examinateurs / Examinatrices : Ana Maria Binet, Rosário Santana Paixão, Saulo Neiva
Rapporteurs / Rapporteuses : Rosário Santana Paixão, Saulo Neiva

Résumé

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Cette thèse porte sur l’étude de la jubilation dans l’œuvre de deux importants hétéronymes de Fernando Pessoa : Alberto Caeiro et Álvaro de Campos, dont les profils sont visiblement différents : le berger-curator, auteur d’une poésie idyllique dans un cadre naturel et l’ingénieur naval, créateur d’une œuvre inspirée par les mécanismes emblématiques de la modernité. En dépit de leurs profils distincts, leurs œuvres respectives se penchent sur une insistante quête d’identité liée à un sentiment de jubilation existentielle. Les deux poètes créés par Fernando Pessoa semblent exprimer une sorte d’existentialisme jubilatoire esquissé par des axes qui s’entrecroisent dans leur poésie : l’enfant, la nature et la mort pour Alberto Caeiro et également l’enfant (la mémoire), la folie et la mort pour Álvaro de Campos. Ces thèmes, très récurrents dans leurs œuvres respectives, révèlent un côté peu travaillé dans la poésie de Pessoa, dont la production littéraire est souvent étudiée sous un point de vue plutôt pessimiste, mélancolique, tournée vers un spleen propre à Fernando Pessoa. Néanmoins, la personnalité de ce poète multiple, par son caractère paradoxal, nous permet de regarder une partie de son œuvre sous une perspective différente, prenant en compte la présence fréquente d’expressions liées à des champs sémantiques du bonheur, du plaisir, voire de l’extase ou du sublime. Il s’agira de comprendre comment les deux hétéronymes expriment le sentiment de jubilation, dans leurs cadres et profils spécifiques. Le berger et l’ingénieur créés par Fernando Pessoa seront ainsi étudiés selon un angle peu (ou jamais) travaillé par la critique littéraire : notre travail consiste à analyser les expressions liées à la jubilation, mais aussi aux notions correspondantes, telles que le pasmo, le espanto, l’extase, le bonheur, le sublime, l’apothéose, la dynamogénie, le plaisir, etc. Ces notions « voisines » de la jubilation se font présentes d’une façon persistante dans la poésie de Caeiro et de Campos, permettant de saisir un nouveau rapport de l’étude de l’œuvre de Pessoa. Notre recherche consiste ainsi à une mise en regard entre plusieurs auteurs qui se sont penchés, d’une manière ou d’une autre, sur la recherche d’un sens pour l’existence de l’homme dans les temps modernes. Pour comprendre la jubilation dans la poésie d’Alberto Caeiro et d’Álvaro de Campos, il faudra regarder de plus près les pensées de Nietzsche, Freud, Lacan, Durkheim, Sartre, etc., dans une perspective philosophique et psychologique, mais aussi la poésie de Victor Hugo, de Baudelaire ainsi que la prose de Tolstoï, de Proust et d’autres, dont les pensées nouent un certain rapport à la poésie jubilatoire de Fernando Pessoa sous les masques du berger et de l’ingénieur.