WHERE IS THE JAZZ ? Enjeux et axiologie de l'information jazzistique en France depuis le début des années 2000 : De l'hybridation des dispositifs info-communicationnels du jazz à leurs médiations formelles
Auteur / Autrice : | Mathieu Feryn |
Direction : | Frédéric Gimello-Mesplomb |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Communication |
Date : | Soutenance le 05/10/2018 |
Etablissement(s) : | Avignon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Culture et patrimoine (Avignon) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Norbert Elias |
Jury : | Président / Présidente : Nicolas Pélissier |
Examinateurs / Examinatrices : Nicolas Pélissier, Guy Lochard, Emmanuel Ethis, Pierre-Henri Morand, Stéphane Pessina-Dassonville | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Pélissier, Guy Lochard |
Mots clés
Résumé
Cette thèse délaisse la traditionnelle approche essentialiste du jazz (que l’on peut résumer à la question « Qu’est-ce que le jazz » ?) qui a taraudé tout un pan de la sociologie américaine des cinquante dernières années de H.S. Becker à R.A Peterson pour proposer, en s'appuyant sur les théories communicationnelles et les outils des SIC, une modélisation spatiale des dynamiques informationnelles du milieu du jazz français par triangulation de leurs espaces de diffusion et de leurs communautés de réception (qui pourrait se matérialiser dans la question : « Où est le jazz ? »). En adoptant une approche multivariée “en écheveau” (Passeron, 1990) mais toujours spatialisée et basée sur l’ethnographie rapprochée, prenant appui sur trois catégories d’acteurs (programmateurs, musicien.ne.s, publics), la thèse reconstitue les étapes du processus d’information axiologique des musicien.ne.s primé.e.s et diffusé.e.s sur le marché du jazz, produites dans des « forums hybrides » (Callon, 1999, Lascoumes, 2001). Dans une première partie, cette thèse s’intéresse aux dynamiques internes qui régissent la circulation de l’information (Frère, 2003, Rebillard, 2006), dans le secteur du jazz en France, sur la valeur économique de cette information, en recensant les outils de mesure et signaux faibles (Caron, 2001) recueillis par les publics comme autant d’éléments de perception axiologique des musicien.ne.s primé.e.s. Dans une seconde partie, l’analyse comparée, en situation, des artistes et de leurs publics est étudiée en faisant appel à une enquête menée dans différents espaces publics d’écoute du jazz dans les agglomérations d’Avignon et de Lausanne (Suisse), sans se limiter aux seuls lieux institutionnalisés et repérés comme tels (Smac et salles labellisées). Enfin, dans une dernière partie, une enquête par questionnaire menée auprès des publics fréquentant ces lieux et une série d’entretiens de musicien.ne.s complètent l’observation sur les pratiques de sortie et les modalités de partage de l’information jazzistique. L'enjeu de cette thèse de sciences de l’information et de la communication est d’observer l’évolution des catégories pratiques d’évaluation utilisées par les publics pour qualifier le jazz ainsi que les interactions tant discursives que sociales que cette musique génère sur des temps longs. Si, sur le plan théorique, cette thèse prend appui sur les principaux travaux qui, en SIC, ont porté sur la dimension axiologique de la réception des musiques amplifiées (Dalbavie, 2006 ; Kaiser, 2012), sur le plan empirique, la thèse met à profit le traitement informatisé d’une base de données originale constituée en master et recensant près de 5000 récipiendaires de prix et récompenses professionnelles (leaders primés ainsi que leurs accompagnateurs ou « sidemen »), 300 instruments et familles d’instruments et une cinquantaine de lieux de diffusion. Cette thèse permet ainsi de mettre en évidence, sur quinze ans, une évolution des dispositifs informationnels du jazz en France et la naissance de formes de médiations plurielles (Gellereau, 2003) portant sur ce genre musical.