Thèse soutenue

Continuité et rupture de la prégnance médiatique : la couverture de la Chine par Le Monde diplomatique (1975-1992)
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Auteur / Autrice : Alexandre Schiele
Direction : Joëlle Le Marec
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'information et de la communication
Date : Soutenance le 14/12/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude et de recherche interdisciplinaire de l'UFR LAC (Paris ; 2009-....)
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Marie-Sylvie Poli
Examinateurs / Examinatrices : Joëlle Le Marec, Marie-Sylvie Poli, Frédéric Wang, Lin Ting-Sheng, Isabelle Le Breton-Falézan
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie-Sylvie Poli, Frédéric Wang

Résumé

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Cette recherche répond à la question suivante : comment évolue dans le temps la couverture médiatique d’un objet lorsque cet objet est lui-même en évolution ? Elle est fondée sur les travaux de E. Veron, S. de Cheveigné, I. Babou et J. Le Marec qui ont montré que la posture des médias surdétermine le traitement des nouvelles. Or, ces travaux ponctuels avaient porté sur des périodes courtes ouvrant ainsi la possibilité d’une interrogation sur les variations de la posture dans le temps long. L’étude de la couverture journalistique de la Chine postmaoïste entre 1975 et 1992 par Le Monde diplomatique a permis d’analyser les variations de la posture du journal en fonction de l’évolution de la conjoncture en Chine. Nous avons montré que la couverture médiatique à long terme du Monde diplomatique se caractérise par des phases d’interprétation stables entrecoupées d’évolutions rapides, voire de ruptures, que nous avons qualifiées d’équilibres médiatiques ponctués. C’est au cours de ces phases stables que se manifeste ce que nous avons appelé l’effet de prégnance médiatique, c’est-à-dire la reproduction de la posture d’un article à l’autre quant à une classe d’évènements donnés, réels ou potentiels. Cette recherche a aussi montré que cette posture est maintenue même face à des circonstances qui la démentent ou la contredisent carrément. Ce qui nous a conduit à envisager que la posture évoluait lorsque la transformation de la conjoncture en Chine coïncidait avec une modification des attentes du lectorat, et que c’était l’effet combiné de ces deux classes de facteurs qui incitait le journal à ajuster sa posture. Ainsi, cette recherche a montré que Le Monde diplomatique a adopté trois postures entre 1975 et 1992 : 1) une lecture promaoïste entre 1975 et 1978 lorsque les idéaux de Mai 68 sont toujours portés par l’intelligentsia française, idéaux auxquels adhère ouvertement le journal depuis sa refondation en 1973 ; 2) une lecture proéconomique, favorable au virage à l’économie de marché en Chine entre 1981 et 1987, lorsque le consensus néolibéral se substitue à celui de Mai 68 ; et 3) une lecture antiautoritaire qui oppose la société chinoise au Parti communiste entre 1987 et 1992, au moment où le consensus néolibéral s’affirme par un discours centré sur l’individu. Ces trois périodes sont ponctuées par deux moments de transition : le premier entre 1978 et 1980, qui se caractérise par un flottement des attentes en recomposition du lectorat, et un second, plus court, en 1987, qui cristallise l’affirmation de l’individu. Cette recherche a aussi montré que la posture du journal se condensait dans le cadre interprétatif mobilisé par un collaborateur principal (pour un objet donné, comme, par exemple, la situation chinoise), lequel, parce qu’il en était l’agent, actualisait l’effet de prégnance médiatique. C’est pourquoi l’ajustement de la posture du journal s’effectue par le remplacement du collaborateur principal. Cet ajustement est facilité pour Le Monde diplomatique par son mode d’organisation adopté dès sa refondation, lequel repose sur des réseaux de collaborateurs externes sans liens formels avec le journal plutôt que sur des journalistes salariés