Thèse soutenue

Le mouvement Tea Party 2009-2017 : résultat d’une enquête en immersion, à Philadelphie et à Boston

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Agnès Trouillet
Direction : Marie-Jeanne RossignolMokhtar Ben Barka
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et littératures étrangères. Langue et cultures des sociétés anglophones
Date : Soutenance le 29/09/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langue, littérature, image, civilisations et sciences humaines (domaines francophone et anglophone) (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019)
Laboratoire : Laboratoire de recherches sur les cultures anglophones (Paris ; 2014-....)
Jury : Président / Présidente : François Vergniolle de Chantal
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Jeanne Rossignol, Mokhtar Ben Barka, François Vergniolle de Chantal, Steven Sarson, Pierre Sicard
Rapporteurs / Rapporteuses : Steven Sarson, Pierre Sicard

Résumé

FR  |  
EN

Le Tea Party entre en scène en février 2009 aux États-Unis. C’est notamment la tirade d’un journaliste qui s’insurge contre les plans de sauvetage de l’économie votés par le Président Barack Obama, en direct sur la chaîne CNBC le 19 février, et invite à organiser une « Tea Party » dans le port de Chicago, qui déclenche ce phénomène sans précédent. S’ensuivent de nombreux rassemblements protestataires de masse à travers le pays, puis la création de dizaines, puis de centaines de groupes Tea Party locaux. La rapidité et l’ampleur de ce mouvement surprennent les spécialistes. D’autant que dès 2010, le Tea Party affirme des objectifs politiques et une volonté d’institutionnalisation, se révélant une menace pour l’establishment républicain. Mais en 2012, la réélection du Président Obama peut être lue comme une défaite colossale pour le mouvement, et des chroniques de mort annoncée sont publiées par la presse libérale (au sens américain). Des résultats peu spectaculaires aux élections de mi-mandat en 2014 semblent confirmer ce pronostic, surtout que le Parti républicain réussit à tenir le mouvement en respect jusqu’aux primaires pour l’investiture présidentielle en 2015. C’est alors qu’on assiste à un retournement de situation ; la radicalisation du Grand Old Party est nette, visible entre autres dans la plate-forme très conservatrice des candidats républicains. En novembre 2016, l’élection de l’outsider Donald Trump à la présidence, conjonction de nombreux facteurs électoraux, est également le résultat d’efforts organisationnels de la Droite auxquels le Tea Party a largement contribué. Pour appréhender ce mouvement, il faut comprendre qu’il combine des forces top-down et bottom-up. Certes, le Tea Party bénéficie depuis son émergence de ressources inestimables de la part de groupes de pression et de think tanks comme FreedomWorks, American Majority, Americans for Prosperity ou Heritage Foundation, ainsi que des médias conservateurs. De nature organisationnelle ou rhétorique, ces ressources sont fondamentales car elles permettent au mouvement de s’organiser et de mener ses actions militantes. Il n’en reste pas moins qu’à la base se trouvent des acteurs bénévoles, qui consacrent leur temps et leur énergie au Tea Party, et revendiquent leur caractère grassroots. Des organisations nationales comme Tea Party Patriots s’imposent pour fédérer les groupes qui leur sont affiliés, cependant certains groupes locaux cherchent à protéger leur indépendance. Autour des groupes Tea Party gravitent des organisations libertariennes et conservatrices, l’ensemble formant une nébuleuse complexe, qui fonctionne par réseaux à différents niveaux et selon diverses configurations. L’objet de cette étude de terrain est donc d’apporter un éclairage de l’intérieur du mouvement Tea Party, par l’observation en immersion de groupes locaux situés dans les régions de Philadelphie en Pennsylvanie, et de Boston dans le Massachusetts. Il s’agit d’abord de comprendre les motivations et l’idéologie des militants, principalement d’orientation conservatrice, libertarienne et populiste. Ce sont les notions de souveraineté individuelle, d’anti-fédéralisme, et de respect de la Constitution qui dictent toute lecture des Tea Partiers. Ensuite, l’analyse des modes opératoires des groupes permet de clarifier le fonctionnement de l’ensemble. Le Tea Party se démarque en tant que mouvement de droite recourant à des stratégies organisationnelles jusqu’ici plutôt réservées aux mouvements progressistes - la façon dont il applique les principes de l’organisation communautaire est l’une de ses forces indéniables, en particulier à l’ère des nouvelles technologies, et des réseaux sociaux. Son utilisation de ressources Web et d’outils concrets pour l’action militante est remarquable. Enfin, il est essentiel de saisir que le Tea Party veut s’implanter dans le tissu décisionnel local. Pour y parvenir, l’une de ses tactiques consiste à infiltrer progressivement le Parti républicain