Le statu-quo de la mémoire nationale à Taïwan : les dynamiques antagonistes de mises en récits publiques de l'expérience autoritaire
Auteur / Autrice : | Vladimir Stolojan-Filipesco |
Direction : | Gilles Guiheux |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire, histoire de l’art et archéologie. Histoire et civilisation de l'Asie |
Date : | Soutenance le 21/09/2017 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Economies, espaces, sociétés, civilisations : pensée critique, politique et pratiques sociales (Paris ; 2000-2019) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques (Paris ; 2014-....) |
établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) | |
Jury : | Président / Présidente : Françoise Mengin |
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Guiheux, Françoise Mengin, Isabelle Thireau, Johann Michel, Frank Muyard, Li-Chuan Tai | |
Rapporteur / Rapporteuse : Isabelle Thireau, Johann Michel |
Mots clés
Résumé
Le statu-quo de la mémoire nationale à Taiwan : les dynamiques antagonistes de mise en récits de l’expérience autoritaireresume :Cette thèse a comme origine l’apparente contradiction des politiques de la mémoire dédiées au régime de parti unique mis en place par le Parti nationaliste chinois (KMT) en 1945. Colonie japonaise depuis 1895, Taiwan passe alors sous le contrôle de la République de Chine au lendemain de la Seconde guerre mondiale. L’île sert de refuge aux nationalistes chinois en 1949, lorsqu’est actée la victoire des troupes maoïstes suite à la reprise de la guerre civile chinoise après 1945. En exil, le KMT, refusant de reconnaître sa défaite, gouverne Taiwan à travers un régime pensé pour représenter symboliquement toute la Chine. Les politiques identitaires et mémorielles d’alors valorisent uniquement les expériences historiques d’une communauté minoritaire au sein de la population taiwanaise, celle des insulaires venus de Chine à Taiwan avec le KMT entre 1945 et 1950. Cette fiction politique prend fin avec la démocratisation. Débutant en 1987, celle-ci voit l’affirmation d’un nouveau paradigme identitaire articulé autour des spécificités de Taiwan et son multiculturalisme, la Chine n’étant plus le référent central. Les victimes de la répression policière de l’ère autoritaire sont peu à peu reconnues. S’il perd rapidement sa prééminence, l’ancien récit officiel ne disparaît pas pour autant, une fraction de la population insulaire continuant de se reconnaître en une partie des représentations qui y sont inscrites. De même, le KMT, qui reste un des acteurs dominants la scène politique taiwanaise après la démocratisation, se refuse à tout véritable retour critique sur sa propre histoire pour éviter de mettre en danger sa propre légitimité. Plutôt que marquer une rupture nette avec l’ère autoritaire, les politiques de la mémoire post-1987 aboutissent à l’institutionnalisation de dispositifs reconnaissant les victimes de la dictature et d’autres à la gloire des anciens dirigeants, que ce soit Chiang Kai-shek ou son fils Chiang Ching-kuo. En adoptant une démarche relevant de la sociologie de la mémoire, notre recherche a pour but d’analyser les dynamiques soutenant la mise en place de nouveaux récits publics sur la période autoritaire après la démocratisation. L’objet de notre travail est d’expliquer les principales luttes mémorielles actuelles engageant la place qu’occuperait dans l’histoire taiwanaise le régime autoritaire du KMT, ce tout en interrogeant la notion de mémoire nationale.