Devenir médecin militaire : Quels enjeux psychiques et psychopathologiques ? : Un état des lieux de la santé mentale d'une population d'étudiants en médecine militaires
Auteur / Autrice : | Florence Robin |
Direction : | Fethi Benslama |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie. Recherche en psychopathologie et psychanalyse |
Date : | Soutenance le 28/11/2017 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) |
Laboratoire : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Alain Vanier |
Examinateurs / Examinatrices : Fethi Benslama, Alain Vanier, Marie-Odile Krebs, Thierry Baubet, Franck de Montleau | |
Rapporteur / Rapporteuse : Marie-Odile Krebs, Thierry Baubet |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L’objectif principal de cette étude était de réaliser une perspective globale de la santé mentale d’une population d’étudiants en médecine militaires, sur des années ciblées du cursus en déterminant la part de l’épuisement professionnel dans les symptômes rencontrés. Les objectifs secondaires étaient de proposer une compréhension intégrative et interdisciplinaire des problématiques psychiques, de mettre en évidence des facteurs de risque individuels, collectifs et situationnels favorisant l’apparition éventuelle de troubles psychiques, d’identifier des points de soutien institutionnels existants ou à développer.Une méthodologie mixte associant étude quantitative et qualitative était utilisée. Il s'agit d'une étude transversale répétée quantitative et descriptive par un questionnaire auto-administré anonyme. L’épuisement professionnel était évalué par le MBI- GS pour les étudiants de 1ère et de 2ème année, par le MBI-HSS pour les étudiants de 4ème et de 8ème année. 393 auto-questionnaires ont été distribués, 327 ont été recueillis et 261 ont été analysés, soit un taux de réponse global de 83,20%. La moyenne d’âge de la population était de 21, 5 ans, 46% étaient des hommes, 54% étaient des femmes ; 35,6% étaient en première année d’étude, 14,9% étaient en deuxième année, 23,8% étaient en quatrième année, enfin 25,7% étaient des internes en 8° année d’études ; parmi les internes, 82,1% étaient en médecine générale et 17,9% étaient internes de spécialité hospitalière. Ces scores correspondaient à un pourcentage global des étudiants présentant un fort épuisement émotionnel de 12,3% ; 25,3% exprimaient une forte dépersonnalisation et 18,6% un faible accomplissement personnel. Le pourcentage d’internes présentant un fort épuisement émotionnel était de 35,7% ; 38,0% exprimaient une forte dépersonnalisation et 37,1% un faible accomplissement personnel ; L’étude montrait que les scores médians d’épuisement émotionnel et de dépersonnalisation s’aggravaient au cours des études de manière significative (p <0,001) ; les scores médians d’accomplissement personnel restaient modérés de la première à la huitième année, n’augmentant pas en fin de parcours universitaire ; 9,8% des élèves de 4ème année et 21,2% des élèves de 8ème année présentaient des pensées de mort pour eux-mêmes ou avaient réalisé une tentative de suicide.L’étude qualitative par théorisation ancrée montrait que devenir médecin militaire implique des antécédents personnels marqués par l’idéal et l’identification ; il s’agit d’être à la fois d’être médecin mais aussi militaire dans une temporalité contrainte marquée par l’apprentissage parfois inadapté de la connaissance scientifique médicale et d’un éthos militaire, où l’influence des groupes est fondamentale ; les tensions entre savoir et pouvoir sont marquées, surtout dans la violence de la confrontation à la mort. Le ressenti variait entre les hommes et les femmes mais l’association des normes et des injonctions militaires au mode de vie médical entrainait pour une globalité des sentiments négatifs d’anxiété, de solitude et d’incertitude majeure envers l’avenir. Différentes stratégies de prévention et de prise en charge sont proposées.