Conscience de rôle et personnalités pathologiques : analyse de la désinvolture
Auteur / Autrice : | Carla Taglialatela |
Direction : | Georges Charbonneau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie. Recherche en psychopathologie et psychanalyse |
Date : | Soutenance le 09/02/2017 |
Etablissement(s) : | Sorbonne Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Recherches en psychanalyse et psychopathologie (Paris ; 2001-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement de préparation : Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) |
Equipe de recherche : Centre de recherches Psychanalyse, Médecine et Société (Paris ; 2001-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Mareike Wolf-Fédida |
Examinateurs / Examinatrices : Georges Charbonneau, Mareike Wolf-Fédida, Giampaolo Di Piazza, Jean-Claude Gens, Philippe Cabestan, Arnaud Plagnol | |
Rapporteur / Rapporteuse : Giampaolo Di Piazza, Jean-Claude Gens |
Mots clés
Résumé
L’étude qui s’ouvre se propose d’explorer, de définir et de valider une question d’un grand intérêt épistémologique transdisciplinaire, celui de l’existence des rôles, de la conscience de rôle et des relations de rôles. Elle veut donner un statut et une fonction à cette notion de rôle pour les sciences humaines, cela en prêtant attention aux évolutions de ces rôles au cours des derniers siècles. Partant de l’idée que nous sommes toujours en rôle, qu’il n’y a pas d’hors-rôle possible, que la rencontre intersubjective se fait toujours à travers des rôles, transitoires ou pérennes, cette recherche veut voir les aspects positifs et structurants, et aussi ses écueils, autant pour l’individu que pour le corps social, de ce système ou dispositif des rôles. La constitution de ces rôles et de leurs contenus réalise en effet un dispositif médiateur d’une importance particulière, définissant selon diverses modalités les attentes et accords que nous avons les uns vis-à-vis des autres, régulant l’organisation des liens et des tâches. Nous verrons comment les rôles se constituent, s’édifient, se redéfinissent et se réinventent constamment. Cette question du partage des rôles et de l’adhésion de chacun aux rôles, éventuelle et toujours problématique, doit être pensée dans la perspective du vivant. Un regard phylogénétique permet d’inscrire la formation du système des rôles comme une nécessité du vivant : pour confirmer cette thèse, on a eu recours non seulement à l’observation du monde animal mais on a voulu considérer également l’hypothèse de la néoténie humaine. S’approchant des implications psychologiques et psychopathologiques de la question, il revient à cette recherche d’explorer les différentes manières et modalités par lesquelles on se rapporte aux rôles. Sommes-nous toujours conscients du fait que nous occupons un ou plusieurs rôles et que c’est à nous d’en élaborer ou concevoir le cahier de charge ? Comment et pourquoi y adhérer ? C’est à partir de ces questions que s’est imposée l’analyse de la désinvolture, attitude qui porte la marque d’une légèreté ou négligence dans l’engagement et l’investissement de ces rôles que chacun s’est assigné d’occuper : par cette légèreté, par des impensées ou des négligences, faute d’une conscience de rôle pas ou peu élaborée, l’individu est souvent amené à échouer dans son rôle, à le manquer, sans lui restituer de réponses de substitutions. Une analyse anthropo-phénoménologique de la désinvolture montrera comment cette attitude, très proche de l’immaturité au point d’en être, dans certains cas, considérée comme une ultime manifestation, est présente, de manières différentes, aussi dans divers contextes pathologiques (personnalités pathologiques ou parfois pathologies véritables) soit par excès ou par défaut (chez le Typus Melancolicus, la désinvolture est totalement absente). Entre normalité et pathologies (pathopsychologiques aussi bien que pathoéducatives), le statut de la désinvolture est complexe car cette attitude est également associée à de nombreuses transgressions, que ce soit volontairement ou involontairement, par les nombreux impensés de rôle qui la caractérisent : le domaine de la sécurité routière exprime bien la dynamique désinvolte par le grand nombre de fautes d’imprudences, imprévoyances, inconséquences ou négligences ressortissant à ce registre des comportements désinvoltes. L’étude des liens entre désinvolture et transgressions alimente ainsi l’analyse formelle de la transgression (transgressologie générale). Une transgressologie générale se doit de mettre en évidence les modalités et raisons primaires de ces transgressions, quels que soient les accords préalables et la nature de ce qui est transgressé.