Thèse soutenue

Mémoire autobiographique et Soi chez des sujets présentant un état mental à risque de psychose

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Auteur / Autrice : Célia Mam-Lam-Fook
Direction : Pascale Piolino
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 23/11/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Paris ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Fabrice Berna
Examinateurs / Examinatrices : Pascale Piolino, Fabrice Berna, Stéphane Raffard, Jean-Louis Nandrino, Marie-Odile Krebs
Rapporteur / Rapporteuse : Stéphane Raffard, Jean-Louis Nandrino

Résumé

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La mémoire autobiographique est vue comme un ensemble d'informations et de souvenirs personnels permettant de construire un sentiment d'identité. Elle se développe progressivement et apparaît très sensible aux pathologies neurodéveloppementales. La mémoire autobiographique est intimement liée au Soi lui permettant d'encoder et de récupérer toutes ses représentations et expériences. Ainsi, le Soi se constitue d'aspects explicites comprenant la mémoire autobiographique mais également d'aspects plus implicites relatifs aux expériences corporelles du sujet. L'atteinte des aspects implicites et explicites du Soi pourrait rendre compte de certains symptômes psychotiques et des difficultés d'adaptation des patients atteints de schizophrénie. La schizophrénie est une pathologie neurodéveloppementale qui débute à la fin de l'adolescence mais qui pourrait puiser son émergence dans des stades bien plus précoces. Le premier épisode psychotique qui signe l'entrée dans la phase active de la maladie est généralement précédé par une phase « prodromique » où des symptômes cliniques sont présents à un niveau infraliminaire du seuil de psychose. Ces sujets sont qualifiés de sujets à ultra haut risque de psychose (UHR). Les troubles du Soi sont bien documentés dans la schizophrénie, néanmoins très peu de données sont disponibles concernant les sujets UHR. Le but de cette thèse est multiple : (i) mesurer l'impact des anomalies neurodéveloppementales sur la mémoire autobiographique, (ii) objectiver des déficits de la mémoire autobiographique dès la phase prodromique, (iii) évaluer l'ensemble des composantes du Soi afin d'investiguer leurs interactions et l'impact des anomalies développementales sur celles-ci. Nous avons ainsi effectué trois études. Notre première étude a investigué le lien entre le poids des anomalies neurodéveloppementales et la mémoire autobiographique en comparant deux pathologies neurodéveloppementales, une à début tardif : la schizophrénie, et l'autre à début précoce : les troubles du spectre autistique. Nous avons pu mettre en évidence un pattern de performances similaires entre les deux populations bien que les mécanismes responsables des troubles en mémoire autobiographique apparaissent distincts. Dans notre deuxième étude, nous avons comparé les performances autobiographiques de patients atteints de schizophrénie par rapport à celles de sujets UHR. Nos résultats révèlent un déficit de la mémoire autobiographique aussi sévère chez les sujets UHR que chez les patients atteints de schizophrénie mettant ainsi en évidence une atteinte de cette fonction en amont du premier épisode psychotique. Dans la lignée de ces résultats, nous avons conduit une troisième étude. Le but étant de situer la mémoire autobiographique dans un contexte plus large, celui du Soi, tout en intégrant une composante développementale. Nous avons élaboré et proposé une batterie d'investigation examinant différents aspects du Soi implicites et explicites, combiné à l'évaluation d'anomalies du neurodéveloppement. Celle-ci a été administrée chez des sujets UHR en comparaison à des patients atteints de schizophrénie. Au final, nos résultats révèlent un impact de la charge neurodéveloppementale sur les différents aspects du Soi, la pertinence d'investiguer au sein d'un même protocole ces différents aspects et la présence d'anomalies du Soi déjà présents chez les sujets UHR, constituant potentiellement des marqueurs prédicteurs de transition psychotique et permettant d'améliorer la détection précoce de ces sujets et leur prise en charge.