Thèse soutenue

Des enjeux psychiques de l'engagement et du militantisme dans un parti politique à l'adolescence et au début de l'âge adulte : approche psychodynamique et projective

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Auteur / Autrice : Clémentine Chiarelli
Direction : Françoise Neau
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 23/11/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine ; 1996-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Catherine Azoulay
Examinateurs / Examinatrices : Françoise Neau, Catherine Azoulay, Patricia Attigui, André Sirota, Christophe Dejours, Daniel Gaxie
Rapporteurs / Rapporteuses : Patricia Attigui, André Sirota

Mots clés

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Résumé

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Si les partis politiques sont des institutions bien souvent qualifiées aujourd'hui de « traditionnelles » et donc de « dépassées », elles continuent malgré tout à participer au vivre-ensemble et sont, aujourd'hui encore, les principales institutions qui concourent aux élections locales et nationales, leur objectif principal étant la conquête et l'exercice du pouvoir à différents échelons. Malgré la défiance que ces institutions provoquent, notamment chez les adolescents et jeunes adultes, certains d'entre eux continuent à s'engager et à militer, parfois avec intensité, dans les organisations de jeunesse des partis politiques. Notre thèse vise ainsi à mettre en lumière les enjeux psychiques de l'engagement dans un parti politique et du militantisme à l'adolescence et au début de l'âge adulte. Pour tenter de rendre compte de ces enjeux, deux questionnements ont guidé notre investigation. Premièrement : quelles sont les modalités du fonctionnement psychique d'adolescents et de jeunes adultes qui militent aujourd'hui en France dans un parti politique et quelles seraient les éventuelles caractéristiques psychiques communes à cette population ? Deuxièmement : quels serait le rôle et l'effet de l'engagement et du militantisme dans un parti politique vis-à-vis des processus psychiques mobilisés à l'adolescence et au début de l'âge adulte chez ces sujets ? Trente-six jeunes militants, âgés de 18 à 26 ans, ont ainsi accepté sur la période allant de janvier 2015 à juin 2016, de participer à cette étude. Les organisations politiques auxquelles ces jeunes militants ont adhéré représentent l'échiquier politique dans son entier, de l'extrême gauche à l'extrême droite. Pour tenter de répondre aux questions soulevées, une méthodologie composée à la fois d'entretiens individuels semi-directifs et de tests projectifs (Rorschach et TAT) a été mise en place. Alors que les tests projectifs permettent d'appréhender avec finesse les caractéristiques du fonctionnement psychique individuel des jeunes militants, les entretiens individuels apportent des indications précieuses sur leur histoire singulière et leur parcours militant. Les résultats montrent tout d'abord une hétérogénéité des ressources et des fragilités psychiques selon les militants, ce qui nous conduit à penser qu'il n'existe pas de profil(s) psychologique(s) spécifique(s) chez ces sujets. Cependant, nous retrouvons tout de même des caractéristiques communes chez des militants appartenant au Front National, ce qui nous a permis de faire l'hypothèse qu'il existe une résonance entre ces caractéristiques psychiques et les idées et idéaux prônés par ce parti politique. La question reste de savoir pourquoi nous ne retrouvons pas le même phénomène dans les autres partis politiques et chez les militants qui s'y engagent ; une piste de réflexion est proposée dans la thèse à ce propos. De plus, à l'issue de ce travail, nous pouvons dire que le parti politique peut constituer un support plus ou moins efficace pour aménager les conflits psychiques propres à l'adolescence et au devenir adulte. L'efficacité de ce support dépend-elle alors exclusivement des ressources et des fragilités psychiques qui préexistent chez les jeunes militants ? Il semblerait que non. Cette recherche nous a en effet appris que le cadre de l'organisation politique est loin d'être contingent par rapport au fonctionnement psychique individuel des militants. Il est ainsi important de tenir compte à la fois du fonctionnement psychique tel qu'il s'est construit dans l'histoire individuelle des militants et des contraintes organisationnelles auxquelles il se confrontent, pour évaluer dans quelle mesure cet engagement a un effet mutatif ou non, d'un point de vue psychique.