Thèse soutenue

La révolution éducative au Chili : histoire de la construction d'un enjeu public (1973-2010)

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Auteur / Autrice : Nathalie Slachevsky Aguilera
Direction : Danilo Martuccelli
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie, démographie
Date : Soutenance le 17/11/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université Paris Descartes (1970-2019)
Laboratoire : CERLIS - Centre de recherche sur les liens sociaux - UMR 8070 / CERLIS - UMR 8070
Jury : Président / Présidente : Yves Dutercq
Examinateurs / Examinatrices : Danilo Martuccelli, Yves Dutercq, Gilles Bataillon, Geneviève Zoïa, Olivier Cousin, Marie Verhoeven
Rapporteurs / Rapporteuses : Gilles Bataillon, Geneviève Zoïa

Mots clés

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Résumé

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Durant les quarante dernières années, le Chili a été le scénario de profonds changements, notamment dans le domaine de l'éducation : une révolution néolibérale s'y est opérée. Depuis le régime dictatorial (1973-1990), un marché éducatif se développe en effet à tous les niveaux d'enseignement. Après le retour à la démocratie en 1990, deux décennies de gouvernements présidés par une coalition de centre-gauche finissent de consolider ce marché éducatif, en renforçant l'engagement actif de l'État. Ce dernier introduit dans le modèle de multiples ajustements qui encadrent le développement d'un système d'enseignement dont la morphologie est définitivement hybride. Dans ce contexte, l'éducation va s'imposer progressivement comme un enjeu public majeur au point que, en 2011, la crise sociale deviendra incontournable. La remise en question de l'architecture éducative dévoile les fissures d'une société où prédominent les régulations néolibérales. Elle engage une phase de révisions, de discussions et de propositions axées sur une autre manière de penser l'éducation. Cette thèse retrace le parcours des politiques éducatives mises en place depuis l'irruption dictatoriale jusqu'en 2010, date qui marque la fin de vingt années de récupération démocratique sous la direction du même conglomérat, la Concertación. Notre objectif est de comprendre l'évolution de cette thématique en étudiant l'interface entre l'administration institutionnelle, les partis politiques et la société civile. Cette vue d'ensemble nous permettra de saisir les enjeux des décisions politiques et de comprendre les tenants et les aboutissants des querelles éducatives. La perspective analytique est celle d'une reconstruction socio-historique de la politique éducative, articulée à partir de la triangulation de l'analyse de textes historiques, d'entretiens avec acteurs (politiques ou administratifs) et d'étude de textes législatifs. Cette démarche nous permettra de comprendre comment l'éducation s'impose comme la pierre angulaire d'un processus de modernisation du Chili qui se traduit par des avancées significatives et indéniables en termes de développement, notamment en ce qui concerne l'élargissement de l'accès à tous les niveaux d'enseignement. L'État s'investit certes de plus en plus dans le domaine de l'éducation, mais dans une perspective d'arbitrage et de surveillance du fonctionnement du marché, renforçant et complexifiant par là même la structure néolibérale. Ainsi, un nouvel ordre éducatif finit par prendre forme, dans lequel l'éducation est définie comme un bien individuel dans un contexte de concurrence générale et de culture de l'évaluation. Pourtant ce modèle va se heurter aux demandes croissantes de démocratisation de l'enseignement d'une société qui, d'une part, dénonce la ségrégation scolaire mais, d'une autre, utilise des stratégies de positionnement personnel dont les choix légitiment et renforcent la privatisation éducative.