Thèse soutenue

Quereller l'azur. Lignes et figures du divorce dans le récit français (1870-1905)

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Auteur / Autrice : Marion Glaumaud-Carbonnier
Direction : Alain Pagès
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature et civilisation française
Date : Soutenance le 11/01/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littérature française et comparée (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle (Paris)
établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Jury : Président / Présidente : Marie-Ève Thérenty
Examinateurs / Examinatrices : Alain Pagès, Marie-Ève Thérenty, Anne-Simone Dufief, Nicholas White, Éléonore Reverzy
Rapporteurs / Rapporteuses : Anne-Simone Dufief, Nicholas White

Résumé

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Le divorce comme objet d’étude littéraire, la proposition peut surprendre. La répartition distributive des champs et des domaines de pensée exigerait que l’on en fasse, au choix, le sujet d’une réflexion historique, politique, juridique, sociale ou morale. De littérature, il n’est en revanche point question. En 1884, la réhabilitation du divorce dans la législation française est pourtant l’œuvre d’une combinatoire inédite entre politique et littérature. Depuis les tribunes et les colonnes des journaux, dans les essais et dans les livres, la narration des malheurs matrimoniaux d’hommes et de femmes pris dans les tenailles de la loi, se débattant contre une fatalité civile qui contraint leur vie privée et conjugale, crie en faveur du démariage. Alors que les liens entre le récit et la revendication d’une désunion légale sont séculaires, noués notamment dans les œuvres de George Sand, le combat de plumes mené contre l’indissolubilité du mariage va significativement révolutionner la pensée de la littérature à thèse, encourager une réflexion sur la fonction de l’écrivain, sur son rapport au droit, et démontrer le pouvoir de la littérature sur les mœurs et sur la rédaction des lois. Outil d’analyse précieux pour comprendre le fait intellectuel, littéraire et narratif des débuts de la IIIe République, le motif du démariage sert de plus l’étude de la représentation de la conjugalité dans le récit français de la fin du XIXe siècle. Devenu légal, le divorce bouleverse en effet l’imaginaire du récit de mœurs privées et inaugure de nouvelles situations narratives : la rencontre avec l’ancien époux, la jalousie du nouveau mari, la seconde nuit de noces, le passé sexuel de la femme deviennent bientôt les lieux communs et les lois narratives du genre. La promulgation du divorce éprouve néanmoins rudement les coutumes narratives françaises : en offrant une solution au récit d’adultère, le divorce brise un modèle narratif séculaire, et oblige le récit à repenser ses fatalités et ses formes.