Thèse soutenue

La France et la crise des euromissiles, 1977-1987

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Auteur / Autrice : Ilaria Parisi
Direction : Frédéric Bozo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 25/11/2017
Etablissement(s) : Sorbonne Paris Cité
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Études anglophones, germanophones et européennes (2009-2019 ; Paris)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris ; 1970-....)
Laboratoire : Équipe de recherche Intégration dans l'espace européen (Paris)
Jury : Président / Présidente : Laurent Cesari
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Bozo, Laurent Cesari, Hélène Miard-Delacroix, Leopoldo Nuti, Kristina Spohr
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Cesari, Hélène Miard-Delacroix

Résumé

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La crise des euromissiles trouve son origine en octobre 1977, lorsque le chancelier allemand Helmut Schmidt exprime son inquiétude face à l’aggravation du déséquilibre militaire en Europe, consécutive au déploiement des missiles soviétiques de moyenne portée SS-20. Plus précis que les systèmes qu’ils remplacent et dotés de têtes nucléaires multiples, les SS-20 pourraient neutraliser la mise en œuvre de l’escalade nucléaire de l’OTAN. Qui plus est, les armes de moyenne portée de l’organisation militaire intégrée versent dans un état d’obsolescence. La question qui se pose est de ce fait celle de savoir quelles sont les garanties sécuritaires que les Américains offrent à l’Europe, alors que la parité stratégique, bientôt consacrée par le traité SALT II, rend improbable l’engagement de la dissuasion centrale américaine en faveur du Vieux Continent. La montée de la menace soviétique et la méfiance européenne vis-à-vis de la protection militaire américaine sont alors les deux éléments au centre du débat atlantique qui caractérise la décennie 1977-1987 et qui se conclut par le traité de Washington, sanctionnant l’élimination de toutes les armes nucléaires soviétiques et américaines de moyenne portée d’Europe.Cette situation risque d’affecter la France pour deux raisons. Tout d’abord, l’aggravation du déséquilibre militaire engendré par les SS-20 confèrerait à Moscou un droit de véto sur toute évolution politique future du continent, que cela ait trait à la construction européenne ou à la résolution de la question allemande. Deux dossiers sur lesquels Paris n’accepte pas d’être marginalisé. Ensuite, la manifestation d’une méfiance européenne vis-à-vis de l’engagement américain en Europe semble amener certains alliés, la RFA au premier chef, à chercher un équilibre militaire propre au continent européen. Or, loin de garantir plus de sécurité, un équilibre « eurostratégique » n’aurait pour conséquence que d’éloigner la dissuasion américaine d’Europe ; en outre, il finirait par imposer des limitations aux forces nucléaires des puissances nucléaires tierces comme la France. Dès lors, la crise des euromissiles concerne la France dans la mesure où sa politique d’indépendance et sa politique de défense risquent d’être mises à mal par les évolutions du débat atlantique à propos de la sécurité de l’Europe, qui constitue l’environnement stratégique dans lequel Paris inscrit sa propre sécurité.