Entre possession et folie, soins religieux et psychiatriques : itinéraires thérapeutiques en Inde du Nord (Jharkhand)
Auteur / Autrice : | Florence Halder |
Direction : | Marine Carrin-Bouez |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et historique |
Date : | Soutenance le 11/12/2017 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire Solidarités, sociétés, territoires (Toulouse) |
Jury : | Président / Présidente : Galia Valtchinova |
Examinateurs / Examinatrices : Marine Carrin-Bouez, Michel Boivin, Mathieu Claveyrolas, Marika Moisseeff, Serena Bindi | |
Rapporteur / Rapporteuse : Michel Boivin, Mathieu Claveyrolas |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse porte sur l’itinéraire thérapeutique des personnes qui se pensent possédées par un esprit maléfique ou une divinité à travers les différentes thérapies disponibles à Kanke, ville du nord de l’Inde. Trois hôpitaux psychiatriques, construits à l’époque coloniale, s’y concentrent. Depuis quelques décennies un dargah, sanctuaire musulman, a été construit sur les terres-mêmes de l’un d’entre eux. Il est spécialisé dans le traitement des personnes possédées, tout comme les bhaktain, dévotes possédées par des divinités qui officient à leur domicile. Le travail de terrain a été réalisé dans deux hôpitaux psychiatriques, au dargah, et auprès de deux bhaktain. Dans les thérapies délivrées par les bhaktain et thérapeutes du dargah, l’émotion est suscitée chez le patient : il s’agit de provoquer l’esprit impur possédant le patient au moyen de substances divines. L’esprit maléfique se manifeste, et sera contraint de quitter ce corps. Si certains affirment avoir guéri, d’autres possédés consultent en psychiatrie. Les enjeux familiaux et socioéconomiques jouent un rôle de taille dans le choix du lieu de soins.L’interprétation des troubles est bien différente en psychiatrie où les professionnels utilisent des manuels de classification des troubles mentaux rédigés aux Etats-Unis pour diagnostiquer ces patients de milieu rural, pauvre, et parfois tribal. Ici, la possession est considérée comme un signe de maladie mentale. Les professionnels tentent de décourager l’interprétation des troubles en termes de possession au profit d’une conception neuroscientifique des problèmes et encouragent le patient à un contrôle émotionnel, usant parfois de références à l’hindouisme brahmanique.Les patients qui circulent entre ses lieux de soins sont pris dans ces logiques de soins antinomiques. La difficile articulation des différentes interprétations et pratiques thérapeutiques nous renseignent sur les enjeux politiques qui sous-tendent les rapports entre les différents thérapeutes.