Thèse soutenue

Commercialiser la nature et les façons d'être : une histoire sociale et environnementale de l'économie et de l'aménagement touristiques (Pyrénées françaises et espagnoles XIXe-XXe siécle)

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Auteur / Autrice : Steve Hagimont
Direction : Jean-Michel MinovezVincent Vlès
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 25/11/2017
Etablissement(s) : Toulouse 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : France Amériques Espagne - Sociétés, pouvoirs, acteurs (Toulouse)
Jury : Président / Présidente : Nicolas Marty
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Michel Minovez, Vincent Vlès, Laurent Tissot, Anne-Marie Granet-Abisset, Colette Zytnicki, Christophe Bouneau
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Tissot, Anne-Marie Granet-Abisset

Mots clés

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Résumé

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L'objet de ce travail est d'examiner l'appropriation locale d'un changement global d'imaginaire, qui transforme les montagnes, leur environnement et leurs sociétés en objets de désirs et de consommations touristiques. Cette étude s'inscrit dans le temps long (entre la fin du XVIIIe siècle et la fin du XXe) et s'appuie sur un espace pionnier du tourisme européen. La mise en tourisme d'éléments de l'environnement (paysages, eaux, biosphère, climat, neige) et de certains modes de vie, place quelques territoires de montagne au cœur d'un mouvement économique, social et culturel éminemment contemporain. Le tourisme, dont l'apparition est concomitante de l'industrialisation, s'impose comme une forme de compensation face aux « débordements » industriels et urbains, comme un complément indispensable de la modernisation. Il connaît des taux de croissance forts qui en font un secteur à part entière de l'économie contemporaine. À chaque moment de cette histoire, certaines régions des Pyrénées s'illustrent au meilleur niveau d'équipement et de réputation et permettent d'interroger sur le temps long les problématiques posées par l'aménagement en montagne. Dans ces Pyrénées, le secteur touristique se construit d'abord localement, au contact des désirs des visiteurs. L'intervention publique est déterminante : des communes aménagent et expérimentent des modes de gestion de biens productifs (thermes, casinos, stations de ski). Elles sont appuyées par les préfectures et les administrations déconcentrées. L'État en tant que tel n'intervient, lui, que tardivement. Cette étude comparative et transfrontalière permet sinon de mettre en lumière des facteurs qui influent sur la trajectoire des aires et stations touristiques, qu'il s'agisse de thermalisme, d'excursions en montagne ou de sports d'hiver. Un exemple, celui de la station en site vierge de Superbagnères, invite en particulier à reconsidérer l'histoire traditionnellement faite des aménagements touristiques hivernaux. Cette recherche tente par ailleurs d'appliquer le concept d'hétérotopie, cette utopie effectivement réalisée, au tourisme ; elle interroge pour ce faire le versant social de l'aménagement, qui doit assurer le bon ordre et la sécurité dans les stations. Les effets du tourisme sur l'environnement sont également abordés : très tôt, les urbanisations accroissent l'exposition aux risques naturels, artificialisent les sols, posent des problèmes d'assainissement, tandis que les excursions et les consommations diverses augmentent la pression sur la biosphère. Cette étude s'intéresse aussi au partage de l'espace et aux conflits d'usage avec l'industrie et l'agriculture ; elle met en avant leurs liens avec la protection de la nature. Elle restitue, enfin, l'importance de la frontière et de l'imaginaire géographique dans les trajectoires économiques et touristiques.