Réélaboration des récits du traumatisme et projet de vie des jeunes Cambodgiens actuels : impact différencié du sens accordé au traumatisme familial suite au génocide des Khmers rouges
Auteur / Autrice : | Vanna Op |
Direction : | Myriam de Leonardis, Bunnak Poch |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 05/07/2017 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 en cotutelle avec Royal University of Phnom Penh (Cambodge) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Comportement, Langage, Éducation, Socialisation, Cognition (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de Psychologie de la socialisation - Développement et travail (Toulouse ; 2015-....) |
Jury : | Président / Présidente : Lenka Sulová |
Examinateurs / Examinatrices : Myriam de Leonardis, Bunnak Poch, Jean-Pierre Martineau | |
Rapporteur / Rapporteuse : Lenka Sulová, Jean-Pierre Martineau |
Résumé
Cette recherche s’inscrit dans le contexte Cambodgien où les traces de la tragédie du génocide des Khmers Rouges sont restées inscrites ; sous ce régime, les Cambodgiens ont subi massivement la violence, la menace de mort, la séparation parent-enfant, la torture, la malnutrition, la suppression des religions et le fait d'une mortalité énorme et ainsi pendant cette période, la configuration de la famille khmère a été gravement touchée. L’objectif de notre recherche est d’étudier comment les modalités dynamiques d’élaborations psychiques des jeunes Cambodgiens actuels influencent la manière dont ils construisent la représentation et le sens par rapport au récit traumatique porté par leurs parents suite au génocide et comment le sens accordé à ce traumatisme influence la construction de leur projet de vie.Nous avons effectué notre recueil des données auprès de 152 étudiants en première année de l’Université Royale de Phnom Penh : 77 filles et 75 garçons, âgés de 17 à 24 ans, 75 étudiants en formation de sciences sociales et humaines et 77 étudiants en formation de sciences exactes. De plus 16 entretiens cliniques ont été effectués : 9 sujets sont en formation de sciences sociales et humaines et 7 sujets en formation de sciences exactes. La dynamique d’élaboration psychique du sujet a été évaluée à l’aide de l’épreuve projective TAT, la représentation a été évaluée à l’aide d’échelles spécifiques et d’entretiens. Le projet de vie a été évalué à l’aide des échelles construites par Rodriguez-Tomé (1987), et d’une technique construite par Safont, De Léonardis et Oubrayrie (1994). L’étude quantitative montre que les sujets de notre échantillon ayant un éventail défensif « souple et varié » qui trouvent la bonne distance entre fantasme et réalité permettant de construire de manière modérée des représentations des conduites symptomatiques des parents, sont capables de s’engager dans des projets réalistes même si l’anxiété est présente. Concernant les sujets ayant un éventail défensif « univoque » (contrôle ou laisser-aller), ils construisent beaucoup plus fréquemment des représentations des conduites symptomatiques des parents. Ils peuvent tout de même s’engager de façon réaliste dans des projets même si l’anxiété est également présente.Notre analyse qualitative montrent l’existence d’une pluralité des discours représentatifs des traces traumatiques portées par les parents : 1/ la désorganisation dramatique de la maisonnée khmère actuelle ; 2/ le rapport aux conduites symptomatiques des parents et 3/la construction d’une mémoire en tant que fait historique, il existe également deux autres discours construits par le sujet, qui représentent la construction du projet : 4/ la construction des stratégies vers les études pour sortir des obstacles et 5/ des choix de formations vers les métiers, pour se réaliser.