Thèse soutenue

De l’efficacité des mots et concepts dans la définition des politiques économiques : étude du cas de la Côte d'Ivoire à travers une analyse des discours

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Auteur / Autrice : Viviane Boussou
Direction : Jean-Luc Dubois
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 07/07/2017
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'Homme et de la société (Sceaux, Hauts-de-Seine ; 2015-2020)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études sur la mondialisation, les conflits, les territoires et les vulnérabilités (Guyancourt, Yvelines ; 2010-2022) - Centre d'études sur la mondialisation, les conflits, les territoires et les vulnérabilités (Guyancourt, Yvelines ; 2010-2022)
établissement opérateur d'inscription : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....)
Jury : Président / Présidente : Jean Cartier-Bresson
Examinateurs / Examinatrices : Claire Gondard Delcroix, Jean-Marcel Koffi
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Harnay, Benoît Lallau

Résumé

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Cette thèse est basée sur une analyse de l’importance des mots et concepts associés, et de leur efficacité dans la définition des politiques de développement mises en œuvre en Côte d’Ivoire, un pays qui a été longtemps considéré comme une vitrine de l’application de ces politiques.Le cadre conceptuel se fonde sur les analyses de Pierre Bourdieu (1982, 1991) qui insistent sur le pouvoir du discours et du vocabulaire qui lui est associé. En effet, pour lui, il existe un marché linguistique sur lequel s’échange, selon des rapports de force, une surenchère de mots et de concepts. En conformité avec cette vision, nous pensons qu’il existe aussi un tel marché qui est propre au développement. Ce marché se caractérise par des rapports de force entre acteurs sociaux pour le contrôle d’un « pouvoir symbolique » qui s’affirme dans les échanges linguistiques. Certains de ces acteurs appelés « experts » créent ainsi les mots du développement, alors que d’autres, notamment les gouvernements des pays en développement (PED) et leurs populations, les reçoivent, les intègrent ou, au contraire, les réinterprètent en leur donnant parfois un sens différent. Et comme sur tout marché, un prix d’équilibre permet de réguler les échanges. On peut considérer que ce prix correspond au montant des crédits et financements accordés par les bailleurs de fonds.Dans ce cadre, on peut s’interroger sur le pouvoir des mots, et concepts associés, dans la définition, et la mise en œuvre, des politiques économiques de développement, et sur leur efficacité en termes de réduction de la pauvreté. C’est ce questionnement qui fonde la thèse.Pour y répondre nous avons examiné le discours des différentes parties prenantes au développement de la Côte d’Ivoire, en confrontant les résultats d’entretiens qualitatifs auprès d’acteurs de la vie sociale ivoirienne aux textes officiels du gouvernement et des Institutions de Bretton Woods (IBW).La première partie de la thèse examine l’histoire des faits économiques du développement pour la Côte d’Ivoire, en montrant comment un discours s’appuyant sur des théories économiques qui fonde les pratiques du développement permet l’émergence d’un pouvoir symbolique. Ainsi, en est-il du « miracle économique ivoirien » dont la faillite a conduit aux politiques d’ajustement structurel, puis aux objectifs de réduction de la pauvreté. A chaque étape, l’apparition de vocables particuliers, concepts et expressions spécifiques, ont corroboré les jeux d’acteurs et théories sous-jacentes pas toujours clairement énoncées.La deuxième partie montre comment à l’issue des politiques d’ajustement, et de la crise qui s’en est suivie, la Côte d'Ivoire a tenté d'adapter ses politiques économiques aux nouveaux concepts et mots du développement, tels que « résilience », « équité » ou « émergence », en se référant à l’approche du développement humain durable. C’est peut-être l’occasion pour elle de reconquérir à travers de nouveaux échanges linguistiques sur le marché du développement, ce pouvoir d’ordre symbolique qu’elle possédait auparavant.