Thèse soutenue

Rôle de l'exposition professionnelle aux agents biologiques dans les cancers broncho-pulmonaires : Analyse de l'étude cas-témoins Icare

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Auteur / Autrice : Soumaya Ben khedher
Direction : Isabelle StückerLoredana Radoï Pervilhac
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Santé publique - épidémiologie
Date : Soutenance le 06/11/2017
Etablissement(s) : Université Paris-Saclay (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif, Val-de-Marne ; 2010-....)
établissement opérateur d'inscription : Université Paris-Sud (1970-2019)
Jury : Président / Présidente : Laurence Meyer
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Stücker, Loredana Radoï Pervilhac, Laurence Meyer, Jean-Charles Dalphin, Isabelle Baldi, Ann Olsson, Babak Khoshnood
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Charles Dalphin, Isabelle Baldi

Résumé

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Contexte : Le cancer du poumon est le cancer le plus associé aux expositions professionnelles. Bien que l’amiante soit sans doute le facteur étiologique professionnel le plus connu, plusieurs éléments suggèrent également l’implication de facteurs modifiables d’origine environnementale ou professionnelle, beaucoup plus rarement étudiés, parmi lesquels les agents biologiques. Si les endotoxines - toxines situées dans la membrane externe des bacilles Gram négatif - sont fréquemment associées à une réduction du risque de cancer du poumon, les infections à papillomavirus humains sont suspectées d’augmenter ce risque. Les résultats des études épidémiologiques sur le sujet sont divergents et sont régulièrement limités par de nombreuses faiblesses méthodologiques incluant entre autres la non prise en compte du tabagisme et de l’exposition à l’amiante.Objectifs : L’objectif de cette thèse est d’étudier le rôle des agents biologiques présents sur les lieux de travail dans la survenue des cancers broncho-pulmonaires. Plus spécifiquement, les objectifs de ce travail sont : (1) d’étudier le rôle de l’exposition professionnelle aux endotoxines sur le risque de cancer du poumon, d’évaluer les aspects de la relation dose-effet ainsi que les interactions possibles avec les antécédents des maladies respiratoires; (2) de s’intéresser plus particulièrement à l’industrie textile, source de fortes expositions aux endotoxines, en étudiant le risque de cancer du poumon associé à l’exposition professionnelle aux poussières textiles ; (3) d’étudier le risque de cancer du poumon dans l’industrie de la viande en testant, notamment l’hypothèse d’une exposition à un agent viral.Population et méthodes : Ce travail s’est appuyé sur les données de l’étude cas-témoins en population générale ICARE. Les cas de cancer du poumon ont été identifiés dans 10 départements français abritant un registre général de cancer. Au total, 2276 cas de cancer du poumon et 2780 témoins hommes ont été inclus ainsi que 650 cas de cancers du poumon et 775 témoins femmes. Les descriptions détaillées de l’histoire professionnelle complète recueillies par des questionnaires standardisés ont permis de coder les professions et les secteurs d’activités de chaque emploi selon les classifications CITP 1968 et NAF 2000.Résultats : Nous avons trouvé une association inverse entre les expositions professionnelles aux endotoxines et le risque de cancer du poumon particulièrement plus marquée chez les travailleurs de l’élevage (tous types) et de la collecte et traitements des déchets. Les odds ratios de cancer du poumon diminuent avec la durée et l’indice cumulé d’exposition aux endotoxines. Nos résultats ne soutiennent pas l'existence d'une forte association entre l'exposition professionnelle aux poussières textiles et le cancer du poumon, néanmoins, ils montrent une diminution significative de 30% du risque de cancer du poumon chez les travailleurs du coton avec OR= 0,7 ; IC 95% [0,5-0,9]. Par ailleurs, nous observons une association positive significative avec le risque de cancer du poumon chez les travailleurs de l’industrie de la viande (OR= 1,46 [1,0-2,1]). Cependant, les antécédents de verrues de la main ne semblent pas avoir d’effet modificateur dans l’association entre le travail dans l’industrie de la viande et le risque de cancer du poumon.Conclusion : Nos résultats soutiennent le rôle important des expositions professionnelles comme déterminants du risque de cancer du poumon. Ils confirment les associations inverses entre les expositions aux endotoxines et le risque de cancer du poumon suggérant fortement l’hypothèse d’un effet anti-tumoral des endotoxines vis-à-vis du poumon. Par ailleurs, ils semblent indiquer que le travail dans l’industrie de la viande est une situation d’exposition à risque de cancer du poumon sans toutefois conclure formellement quant à l’implication des infections à papillomavirus humains.