Analyse contextualisée de l'expérimentation d'une approche didactique canadienne implantée en contexte universitaire chinois pour l'enseignement du français
Auteur / Autrice : | Rongkun Mao |
Direction : | Philippe Blanchet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage |
Date : | Soutenance le 10/01/2017 |
Etablissement(s) : | Rennes 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Arts, Lettres, Langues (Bretagne) |
Partenaire(s) de recherche : | COMUE : Université Bretagne Loire (2016-2019) |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuelle Huver |
Examinateurs / Examinatrices : Stéphanie Clerc Conan, Rong Fu | |
Rapporteur / Rapporteuse : Emmanuelle Huver, Marielle Rispail |
Résumé
Avec comme arrière plan l’histoire du développement de la langue française en Chine dans le système éducatif, notamment dans l’enseignement supérieur depuis les années 2000, la présente étude s’intéresse à une université chinoise où le français est enseigné comme spécialité (étudiants de Benke) avec une méthode ethnosociolinguistique. L’intérêt de ce terrain est que, dès sa naissance, ce département de français a fait le choix d’un enseignement « différent », voire « innovant », notamment en expérimentant une approche didactique canadienne, l’Approche neurolinguistique (ou ANL). Pour ce faire, un travail considérable de « contextualisation » a été accompli en vue de préparer les enseignants et les étudiants à mieux travailler avec cette approche. Pourtant, malgré efforts et investissement, et contrairement ce qu’espéraient les acteurs impliqués, les étudiants ne semblent pas être convaincus par l’enseignement proposé. Inquiets pour leurs résultats, ils ont même développé, en parallèle et par eux-mêmes, un système d’auto-apprentissage, visiblement à l’opposé des principes fondamentaux de l’ANL. Même au sein de l’équipe d’enseignants, des discours et des actions divergentes génèrent tensions et « conflits » entre ceux qui font confiance à l’ANL et ceux qui doutent, entre ceux qui sont impliqués directement et ceux qui ne le sont pas. L’un des points récurrents de tension porte sur le niveau de français des étudiants. Des personnes « clés » ayant encouragé et fortement soutenu la réforme du département de français à son début se trouvent aujourd’hui dans l’embarras, et le résultat de la réforme entreprise par le département ne semble pas satisfaisant. D’un autre côté, l’expérimentation de l’ANL a attiré des regards venant de l’extérieur : des experts et/ou enseignants de français venant d’autres universités s’intéressent à cette expérimentation qu’il serait quasi impossible de réaliser chez eux, tout en (se) posant aussi beaucoup de questions. Toutes ces divergences de position, de vision, de discours et d’actions ont amené à conclure qu’en didactique des langues et des cultures (DDL), la question est loin d’être uniquement entre « langues » ou « cultures », ni simplement entre approches didactiques ou supports pédagogiques. Ainsi, « contextualiser » une approche didactique ne doit pas se limiter à s’adapter aux (dites) cultures éducatives locales, ou bien à se contenter de modifier des supports pédagogiques en changeant certain contenu. Des questions liées à la « contextualisation » restent à creuser.