Architecture et espace de pouvoir dans l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem (1530-1798)
Auteur / Autrice : | Valentina Burgassi |
Direction : | Sabine Frommel, Chiara Devoti |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire de l'art |
Date : | Soutenance le 28/11/2017 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) en cotutelle avec Ecole polytechnique. Turin (Italie) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....) |
Laboratoire : Histoire de l'art, des représentations et de l'administration dans l'Europe moderne et contemporaine (Paris) | |
Jury : | Président / Présidente : Raffaele Giannantonio |
Examinateurs / Examinatrices : Sabine Frommel, Chiara Devoti, Raffaele Giannantonio, Olga Medvedkova | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Raffaele Giannantonio, Marco Rosario Nobile |
Résumé
La recherche qui fait l'objet de cette thèse a pour but de combler une lacune sur la connaissance des choix patrimoniaux en époque moderne d’un grand acteur territorial, l’Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte. L’historiographie relative au cheminement de cet Ordre en époque médiévale est considérable et des historiens de grande envergure se sont occupés d’en reconstruire les caractéristiques et les mécanismes administratifs dès son commencement, de Jérusalem à Rhodes. Au contraire, l’étude de l’histoire des chevaliers à l’époque moderne souffre de lacunes: d’une part à cause du fait que de nombreux documents se sont perdus avant l’arrivée de l’Ordre à Malte en 1530, d’autre part, parce qu’il y a de considérables difficultés à repérer les sources parsemées dans les Archives d’État de toute l'Europe. À cette époque historique, quasiment chaque État se précautionnait d’ordres laïcs chevaleresques ou religieux-militaires, mais ceux qui maintinrent une adhérence au modèle original sont en prévalence ceux d’origine médiévale. Certains d’entre eux ont survécu jusqu’à nos jours, en renonçant au versant militaire et en trouvant une nouvelle substance dans l’action charitable : l’Ordre des Chevaliers de Malte est l'un des rares Ordres, sinon le seul, qui a su se reconstruire entièrement. Par apport aux autres ordres religieux-militaires, l’Ordre de Malte se caractérise autant pour sa solide structure hiérarchique administrative, qui se maintient inaltérée pendant des siècles, que pour sa nature patrimoniale et territoriale, qui lui consent d’accroître incessamment sa domination à niveau international, de Jérusalem à Rhodes et Malte, jusqu’à atteindre toute l’Europe de cette époque. Appréhender la hiérarchie administrative de l’Ordre est très important pour reconstruire les retombées directes sur les biens à niveau territorial, notamment à travers le système des commanderies. La consolidation de ce dernier, à partir de l’époque moderne, est pour les chevaliers de Malte un aspect fondamental à fin d’obtenir les ressources économiques nécessaires pour mener à terme la construction de «la ville de l’Ordre», La Valette, à partir de 1565. Les relations établies entre les Grands Maîtres, les papes et les princes italiens et étrangers à la fin du XVIe siècle trouvent une démonstration directe même sous le plan de l’architecture : les échanges épistolaires entre l’Empereur Charles Quint et l’Ordre religieux-militaire suite à la donation de Malte en 1530, et celui entre le Grand Maître Jean de La Valette et Cosme Ier de Toscane concourent à l’idéation d’une ville qui réfléchisse, même sous l’angle architectural, la puissance chrétienne dans la Méditerranée, tels qu’était le cas pour l’Ordre de Malte. À la fin du XVIe siècle, il y a un foisonnement d’idées autour du thème de la ville idéale: il suffit de penser à Vitry-le-François (1545), Carlentini (1551) e Palmanova (1593). Les plus grands ingénieurs militaires de l’époque furent appelés dans les plus importants États italiens et étrangers afin de réaliser les ambitions des papes, ducs, princes et empereurs, en facilitant en Europe la migration de style du langage architectural de la Renaissance tardive ainsi que du Maniérisme. Les voyages d’une ville à l’autre de ces célèbres ingénieurs militaires comportent une retombée directe autant sur les choix du langage architectural, que pour ce qui concerne l’échange constant de main-d’œuvre locale, comme c’est le cas pour la capitale de l’ordre à La Valette. De plus, il y a un rapport symbiotique entre les ingénieurs choisis par l’ordre qui portent de nouveaux modèles architecturaux et urbanistiques et la main-d’œuvre maltaise, formée dans la tradition, qui transmettent le style de la Renaissance tardive même aux plus petites agglomérations.