Physique statistique de l'évolution des langues : le cas de la grammaticalisation
Auteur / Autrice : | Quentin Feltgen |
Direction : | Jean-Pierre Nadal |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physique de la complexité |
Date : | Soutenance le 11/10/2017 |
Etablissement(s) : | Paris Sciences et Lettres (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Physique en Île-de-France (Paris ; 2014-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de physique statistique de l'École normale supérieure (Paris) |
établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Laura Hernández |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Nadal, Laura Hernández, Richard Blythe, Martin Hilpert, Julien Tailleur, Sophie Prévost | |
Rapporteur / Rapporteuse : Richard Blythe, Martin Hilpert |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette thèse se propose d’étudier la grammaticalisation, processus d’évolution linguistique par lequel les éléments fonctionnels de la langue se trouvent remplacés au cours du temps par des mots ou des constructions de contenu, c’est-à-dire servant à désigner des entités plus concrètes. La grammaticalisation est donc un cas particulier de remplacement sémantique. Or, la langue faisant l’objet d’un consensus social bien établi, il semble que le changement sémantique s’effectue à contre-courant de la bonne efficacité de la communication ; pourtant, il est attesté dans toutes les langues, toutes les époques et, comme le montre la grammaticalisation, toutes les catégories linguistiques. Dans cette thèse, nous étudions d’abord le phénomène de grammaticalisation d’un point de vue empirique, en analysant les fréquences d’usage de plusieurs centaines de constructions du langage connaissant une ou plusieurs grammaticalisations au cours de l’histoire de la langue française. Ces profils de fréquence sont extraits de la base de données de Frantext, qui permet de couvrir une période de sept siècles. L’augmentation de fréquence en courbe en S concomitante du remplacement sémantique, attestée dans la littérature, est confirmée, mais aussi complétée par l’observation d’une période de latence, une stagnation de la fréquence d’usage de la construction alors même que celle-ci manifeste déjà son nouveau sens. Les distributions statistiques des observables décrivant ces deux phénomènes sont obtenues et quantifiées. Un modèle de marche aléatoire est ensuite proposé reproduisant ces deux phénomènes. La latence s'y trouve expliquée comme un phénomène critique, au voisinage d’une bifurcation point-col. Une extension de ce modèle articulant l’organisation du réseau sémantique et les formes possibles de l’évolution est ensuite discutée.