Thèse soutenue

Le concept d'œuvre de Jacques Derrida, un vaccin contre la loi du pire
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Auteur / Autrice : Pierre Delain
Direction : Marc Crépon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 07/01/2017
Etablissement(s) : Paris Sciences et Lettres (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe de recherche sur les transferts culturels franco-allemands (Paris)
établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Perrine Simon-Nahum
Examinateurs / Examinatrices : Marc Crépon, Perrine Simon-Nahum, Vincent Delecroix, Jacob Rogozinski, Danielle Cohen-Levinas
Rapporteurs / Rapporteuses : Vincent Delecroix, Jacob Rogozinski

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Jacques Derrida est signataire de ce qu’on appelle une "œuvre" : un vaste corpus de textes où d’autres "œuvres", en grand nombre, sont citées, étudiées, analysées ou déconstruites. Souvent, il utilise le mot "œuvre", et plus rarement mais de manière significative, il interroge ce mot ou ce qu'il appelle l'"énigme" du concept d'œuvre. Dans ce qu’il « dit » alors, un double « faire » est impliqué. D’une part, il se demande « Que fait cette œuvre ? », et nous pouvons analyser et commenter ce qu’il dit. Mais d’autre part, nous pouvons aussi nous demander : « Mais que fait Derrida quand il analyse ce que fait cette œuvre ? ». C’est cette deuxième question qui tend à prévaloir dans cette étude. Dans les champs de l'histoire de l'art, de l'esthétique ou de la critique littéraire, il existe une immense littérature autour de la question de l'œuvre. La convoquer, dans le format limité de ce travail, aurait conduit à des simplifications, des approximations ou des omissions. On a donc fait un autre choix : chercher dans le texte derridien lui-même, dans son faire, son auto-hétéro-affection, les éléments qui pourraient conduire à l’élaboration d’un concept d'œuvre spécifique et singulier. Afin de tenir compte de la critique externe et aussi de la longue histoire de la philosophie autour de cette thématique, on a mis à profit la structure d'"invagination" du texte derridien. Dans ce texte même, en prenant appui sur la littérature secondaire, on peut repérer d'autres pensées de l'œuvre, par exemple celles de Lévinas ou d’Heidegger. Cette méthode a conduit aux hypothèses suivantes : 1. Il y a dans l'œuvre derridienne, y compris à travers l’analyse des autres œuvres, la mise en jeu d’un "Il faut", d’une ou de plusieurs inconditionnalité(s), et ce dès les premiers textes. 2. La structure d'auto-immunité, décrite dans l'œuvre, opère dans l'œuvre. "Il faut" se protéger contre quelque chose. Quoi? Notre hypothèse, c'est qu'il s'agit du mal radical. 3. Malgré les apories multiples dont la description occupe une large partie de l'œuvre, le désir de protection, en principe impossible à réaliser, réussit quand même. On peut tenter de démontrer cette réussite, mais on peut aussi, surtout, en témoigner par la lecture : Je dois reconnaître, je dois avouer qu'elle me vaccine. 4. Cette opération, que nous nommons aussi "œuvrance", est performative. Elle passe par cinq principes inconditionnels : laisser l’avenir ouvert, s’adresser à l’autre comme tel, s’aventurer pour plus que la vie, garder le secret, répondre des principes - en ce moment même. 5. Cela conduit à la définition d'un "principe de l'œuvre" spécifique de l’œuvre derridienne dont l'énoncé est le suivant : Ce qui a lieu dans une œuvre s’affirme inconditionnellement, en-dehors de tout calcul, de toute finalité et de toute transaction.