Thèse soutenue

Mobilités du lignage anglo-normand de Briouze (mi-XIe siècle - 1326)

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Auteur / Autrice : Amélie Rigollet
Direction : Martin AurellDaniel Power
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire médiévale
Date : Soutenance le 06/12/2017
Etablissement(s) : Poitiers
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, pensée, arts et histoire (Poitiers ; 2009-2018)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études supérieures de civilisation médiévale (Poitiers ; 1953-....)
faculte : Université de Poitiers. UFR de sciences humaines et arts
Jury : Président / Présidente : Frédéric Lachaud
Examinateurs / Examinatrices : Martin Aurell, Daniel Power, Nicholas Vincent, Maïté Billoré
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédéric Lachaud, Mathieu Arnoux

Résumé

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La famille de Briouze se désigne elle-même, depuis le milieu du XIe siècle, par un toponyme, en référence au centre originel de sa puissance territoriale. Elle conserve ce marqueur identitaire qui désigne un fief modeste de la marche normande, malgré l'acquisition croissante de riches domaines au-delà de la Manche. L'identité géographique protéiforme de la famille de Briouze se façonne au fil du temps et au gré des déplacements de la parentèle, implantée à la fois en Normandie, en Angleterre et au pays de Galles ainsi qu'en Irlande au tournant du XIIIe siècle. Le qualificatif d'« anglo-normand » employé pour désigner le lignage de Briouze permet d'évoquer la double appartenance culturelle du lignage de Briouze. Toutefois, le lignage dépasse cette acception binaire en s'implantant dans les régions annexées par la couronne anglaise. Les Briouze sont des seigneurs transrégionaux, puisqu'au gré des conquêtes, ils construisent un vaste patrimoine transmaritime, morcelé à l'intérieur du monde anglo-normand. Relier les parcours individuels et les stratégies lignagères aux évolutions d'ensemble : cette démarche permet de saisir la complémentarité des phénomènes à des échelles variées pour discerner les particularismes propres aux Briouze. L'acquisition de nouvelles terres est à la fois le résultat de stratégies matrimoniales ainsi que la conséquence de la faveur royale. L'interconnexion entre expansion territoriale, ascension sociale et loyauté envers la royauté semble être l'une des composantes caractéristiques de l'histoire familiale des Briouze. Cette dernière est écrite par le recoupement d'actes principalement collectés dans les fonds ecclésiastiques et les archives du pouvoir souverain, croisés aux discours produits par l'historiographie médiévale. Le travail de sélection a été réalisé par la recherche et la compilation systématique des occurrences du patronyme de Briouze - et ses variantes, dont la plus fréquente est Braose - dans les archives et les éditions d'actes. Le corpus documentaire ainsi composé, qui rassemble mille six cent vingt-sept actes et dix-sept sceaux, n'est pas linéaire et uniforme. Les discontinuités coïncident avec l'évolution de la structure du lignage et des rapports entre la famille et le pouvoir. L'alternance des rythmes, visible dans la pratique diplomatique, s'accorde avec celle de l'historiographie médiévale. La famille apparaît ponctuellement dans la production historiographique de son temps, aux moments où les seigneurs de Briouze sont aux prises avec les évènements du royaume. La combinaison de trois facteurs permet de distinguer trois temps de l'histoire familiale qui coïncident avec les dynamiques de la mobilité géographique expansionniste : l'évolution de la masse documentaire oriente la compréhension des transformations d'ensemble ; la structuration du lignage se modifie du fait des aléas biologiques et des statégies matrimoniales ; le rapport contextuel entre la famille et le pouvoir royal varie. Les fluctuations de la faveur accordée aux Briouze par les rois successifs marquent avec éclat les temps de rupture. La capacité d'adaptation - ou l'inadaptation - du lignage de Briouze aux différentes formes de mobilités, question centrale de cette thèse, transparaît dans leur aptitude à affronter et surmonter les situations de crise. Chacune des quatre formes de mobilité - politique, sociale, culturelle et économique - semble isolée. A l'intersection de ces formes de mobilités aux évolutions distinctes se trouve la mobilité géographique, trait d'union entre ces transformations différenciées ainsi imbriquées. Chaque rupture, chaque chute du lignage éclate sous la pression du pouvoir politique mais survient lorsque les possibilités d'expansions territoriales sont contrariées ou empêchées.