Thèse soutenue

La tradition du town design et sa transmission par les acteurs des villes nouvelles françaises

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Auteur / Autrice : Anne Portnoi
Direction : Antoine Picon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Architecture
Date : Soutenance le 15/05/2017
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés (Noisy-le-Grand, Seine-Saint-Denis) - Laboratoire Techniques- Territoires et Sociétés / LATTS
Jury : Président / Présidente : Caroline Maniaque-Benton
Examinateurs / Examinatrices : Antoine Picon, Loïc Vadelorge, Kenny Cupers
Rapporteurs / Rapporteuses : Denis Bocquet, Cristiana Mazzoni

Résumé

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Cette recherche porte sur l’une des traditions urbanistiques britanniques de l’après-guerre, le town design, et sur sa transmission en France dans le cadre de la construction des villes nouvelles. Ma thèse se développe ainsi en deux temps : la première partie définit ces savoirs urbanistiques dans le milieu britannique et étudie leur mise en pratique ainsi que leur formalisation ; la seconde partie analyse leur réception et leur reformulation dans le contexte français, ainsi que les motivations des acteurs impliqués. Mon travail s’attache à analyser la façon dont la tradition du town design se codifie progressivement au travers des plans anglais des années d’après-guerre, ces études urbaines commanditées par des municipalités dans lesquelles s’exprime et se formalise une façon de faire la ville. Un enjeu important de mon travail est de replacer, dans l’histoire des débats urbains, l’apport de ces professionnels « installés », modernistes, en tant qu'inventeurs de formes et de doctrines. Cette histoire des savoir-faire étudie plus spécifiquement la façon dont des concepts sont mobilisés par les acteurs et transformés par leur pratique. Au fondement de la tradition du town design se trouve la méthode du neighbourhood planning, qui repose sur l’opérationnalisation du concept d’unité de voisinage. Ce concept opératoire, appliqué au développement d’un territoire, se traduit directement par l’usage de trois outils de conception : le programme (distribution spatio-temporelle et fonctions des équipements), la mobilité (connexions et temporalité des déplacements) et la composition par groupements (et non via un tracé ordonnateur). Ces outils se trouvent appliqués dans la centralité avec l’opération du Barbican Centre, chef d’œuvre ambigu du town design qui, s’appuyant sur un dispositif de precinct, propose un environnement autonome et attractif comme réponse au défi de la construction de logements dans les conditions de la centralité. Un autre enjeu, qui fait l’objet de la seconde partie de ce travail, est d’étudier différents modes de transmission de ces savoir-faire urbanistiques et d’identifier des « chaînes de transmission » et les « agents de transfert » dans le contexte français. Je montre l’intérêt profond des concepteurs français de villes nouvelles pour le travail sur la programmation et pour l’exigence rationnelle générale (accumulation de données, élaboration d’hypothèses…) qui caractérisent l’approche britannique. À la fin des années 1960, les acteurs des villes nouvelles veulent rompre avec l’urbanisme de plan, caractéristique des savoir-faire urbains appliqués en France depuis l’après-guerre. Une étude de cas autour de la collaboration de la Mission de Cergy-Pontoise avec Shankland et Cox fournit un exemple clair de transfert de savoir-faire entre deux grandes institutions publiques : il s'agit d'une part du département d’architecture du London County Council (LCC) – en charge, notamment, de l’élaboration du plan de Londres de 1944 et de sa mise en application – et d'autre part de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région parisienne (IAURP), en charge de la création des villes nouvelles autour de la capitale. L’intérêt pour l’expérience britannique s’explique par les instructions très claires du ministère, relayées par le directeur de la Mission, Bernard Hirsch, qui exigent de laisser aux sociétés privées une plus grande part d’initiative dans le développement de la ville nouvelle. L’expérience britannique permet aussi aux jeunes architectes de la Mission, comme l’ont fait avant eux les jeunes architectes du LCC, de définir une nouvelle pratique d’aménageur-concepteur : un concepteur dont l’action n’est ni exclusivement réglementaire ni celle d’un « auteur », et qui accepte l’incertitude de l’évolution du projet dans le temps