Les talibés mendiants, une catégorie d’enfants de la rue au Sénégal. Pérennisation d’un fait social
Auteur / Autrice : | Kadessa Sané |
Direction : | Claudine Dardy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences sociales |
Date : | Soutenance le 13/01/2017 |
Etablissement(s) : | Paris Est |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les transformations des pratiques éducatives et des pratiques sociales (Créteil) - Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche sur les Transformations des pratiques Éducatives et des pratiques Sociales |
Jury : | Président / Présidente : Cédric Frétigné |
Examinateurs / Examinatrices : Claudine Dardy | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Émile Charlier, Daniel Stoecklin |
Mots clés
Résumé
Cette recherche est née de la volonté de mener une réflexion sur la pérennisation de la mendicité des talibés en milieu urbain sénégalais, notamment dans la ville de Dakar. Les talibés sont des enfants confiés par leurs parents à des maîtres coraniques pour l’apprentissage du Coran. À l'origine, cet apprentissage qui est une tradition religieuse se faisait exclusivement en zones rurales. Toutefois, depuis les années 1970, en raison des grandes sécheresses qui se sont abattues dans les zones rurales du Sénégal et qui ont appauvri les populations, s’est développée la migration vers les villes d’hommes et de femmes en quête de meilleures conditions de vie. L’enseignement coranique a été touché par ces mutations socio-économiques car depuis lors, certains maîtres coraniques qui sont avant tout des cultivateurs, s'installent dans les villes sénégalaises, accompagnés d’enfants destinés à être leurs talibés. Toutefois, arrivés en ville, ces enfants passent plus de temps dans les rues que dans les daaras (« écoles coraniques ») car leurs maîtres leur demandent de mendier quotidiennement et de leur ramener entre autres une somme d'argent fixée d'avance. Même si l’Etat sénégalais dispose de lois répressives contre la mendicité infantile, il arbore une attitude équivoque face à ce que des organisations internationales considèrent comme une exploitation infantile. Ainsi, pour appréhender la pérennisation du fait social qu’est la mendicité des talibés, cette thèse se propose d’étudier les pratiques sociales à l’égard des talibés mendiants, des pratiques qui consistent essentiellement à leur adresser des dons d’aumône. En plus des raisons religieuses et humanitaires qui peuvent justifier ces dons, ces derniers sont également effectués pour des raisons plus mystiques notamment après certaines divinations de marabouts de type féticheur/guérisseur/voyant. Comme on le verra dans le cœur de cette recherche, ces distributions d’aumône apparaissent ainsi tel un enchevêtrement de croyances religieuses et hétérodoxes. In fine, il s’agira à partir d’une méthodologie qualitative d’élucider et d’analyser les ambivalences tout comme les enjeux sociaux que recouvre la pérennisation de la mendicité des talibés dans la plupart des villes sénégalaises.