Thèse soutenue

« Si j'étais prince ou législateur, je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu'il faut faire...» Écriture philosophique et transformation politique en France, 1750-1780
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Auteur / Autrice : Ariane Revel
Direction : Frédéric Gros
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 07/12/2017
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lettres, Idées, Savoirs (Créteil) - Lettres Idées Savoirs
Jury : Président / Présidente : Bertrand Binoche
Examinateurs / Examinatrices : Frédéric Gros, Pascal Sévérac
Rapporteurs / Rapporteuses : Céline Spector, Martin Rueff

Mots clés

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Résumé

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Quelle est l’utilité du philosophe en politique ? L’objet du présent travail est d’interroger la manière dont cette question a pu être posée et la façon dont on a pu y répondre, en France, dans les années qui vont du milieu du XVIIIe siècle jusqu’à 1780 environ. Dans un contexte qui se caractérise à la fois par l’omniprésence du discours philosophique et par son absence d’autonomie, on se propose de cerner la façon dont sont identifiés les effets possibles des écrits politiques des philosophes. Deux problèmes se posent alors. D’une part, il s’agit de déterminer à quelles conditions le discours philosophique sur la politique est jugé utile, et quel type de prise il doit assurer sur son objet pour être évalué comme tel. D’autre part, la question des effets produits par le texte doit nous inviter à considérer la manière dont le rapport entre le philosophe et ses lecteurs s’établit à travers le texte : comment se fait la communication des idées, et quelles sont ses conséquences pratiques ? Quels liens faut-il établir entre connaissance et action ?Notre enquête a procédé en deux approches successives. Dans un premier temps, nous avons cherché à repérer les termes dans lesquels dont on pose, dans cette seconde moitié du XVIIIe siècle, la question des effets des ouvrages politiques écrits par des philosophes. Ce travail nous a permis notamment de mettre en évidence le fait que l’utilité d’un écrit est envisagé dans une double dimension : dans la mesure où il est susceptible d’affecter le monde mais aussi dans la mesure où il est susceptible de contribuer au progrès de la connaissance et d’alimenter un débat intellectuel. Dans un cas comme dans l’autre, la forme et le style de l’ouvrage sont considérés comme centraux pour assurer son effet auprès du lecteur et le faire, à son tour, penser. Dans un second temps, nous nous sommes intéressé à quelques exemples d’un genre particulier : les textes de conseil de Rousseau et de Diderot à propos de la Corse, de la Pologne et de la Russie nous ont permis d’analyser la manière dont le philosophe définit son rôle par rapport au législateur, mais aussi dont il s’essaie à élaborer un langage qui tout à la fois lui permette de saisir son objet dans sa singularité et de se faire entendre auprès de son lecteur. Nous avons vu à travers ces deux approches se dessiner une sphère propre de la parole du philosophe en politique. À distance de l’action, le philosophe est l’homme de la vérité ; la contestation progressive de la référence au philosophe-législateur laisse la place à un usage critique de la connaissance. La fécondité politique de la parole philosophique apparaît alors non dans sa capacité à instituer mais à faire imaginer d’autres institutions possibles.