Préoccupations unificatrices et ''entente'' : Situer et retracer l'idiomaticité de l'improvisation libre
Auteur / Autrice : | André Louis Bourgeois |
Direction : | Christine Esclapez, Christine Esclapez |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences du langage |
Date : | Soutenance le 19/01/2017 |
Etablissement(s) : | Perpignan en cotutelle avec Universidade Federal Fluminense. Laboratório de História Oral e Imagem (Niteroi, Brésil) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale INTER-MED (Perpignan ; 2011-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre de Recherche sur les Sociétés et Environnements en Méditerranées (Perpignan) |
Laboratoire : Centre de Recherche sur les Sociétés et Environnements en Méditerranées / CRESEM | |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Beatriz Polivanov, Joëlle Réthoré-Daillier |
Rapporteurs / Rapporteuses : Felipe Trotta, Beatriz Polivanov |
Mots clés
Résumé
Cette thèse étudie la question de l'idiomaticité dans la pratique musicale de l'improvisation libre. Notre enquête débute avec une discussion sur les difficultés qu'implique toute tentative de délimiter cette activité ou de la définir en termes positifs. En effet, le produit d'une performance improvisée émerge au moment de la prestation et s'évanouit immédiatement. Ce fait a poussé de nombreux musiciens et chercheurs à classer cette pratique comme étant « non-idiomatique » (et donc comme étant résistante à l'analyse sémiotique), une désignation qui a été popularisée par Derek Bailey dans son oeuvre pionnière Improvisation. Cependant, malgré son apparent caractère insaisissable, le genre a été capable de subsister depuis plusieurs décennies et continue a se propager à de nouvelles scènes musicales à travers le monde, supporté par un ensemble relativement consistant de préoccupations idéologiques et esthétiques quiunissent et habilitent ses praticiens et admirateurs. En utilisant un modèle sémiotique triadique dans la tradition de C.S. Peirce et en considérant les différents aspects de l'improvisation libre à la lumière de sa théorie des catégories, nous sommes capables d'élaborer une analyse sémiotique des aspects émergents/évanescents de l'improvisation libre, ainsi que de ses propriétés plus durables/idiomatiques. L'improvisation libre n'est pas du tout, comme aiment l'affirmercertains, libre de toutes conventions. Un des accomplissements de cette thèse est de déconstruire de mythe de la non-idiomaticité de l'improvisation libre et de démontrer que les engagements idiomatiques particuliers de cette pratique ont tout simplement été déplacés, abandonnant pour la plupart les idiomes formels (tels des approches génériques, codifiées et reconnaissables à la tonalité et au rythme) pour privilégier des codes de conduite qui rendent l'activité cohérente et signifiante à ses participants. Les témoignages d'improvisateurs révèlent qu'ils sont largement motivés par des préoccupations et principes similaires. Quant à la valeur momentanée reconnue de n'importe quel aspect formel d'une performance improvisée, c'est grâce à l'implémentation soudaine de conventions localisées et habituellement de trèscourte durée (que nous appelons « entente ») que les musiciens arrivent à cette reconnaissance mutuelle (mais toujours contingente). Les improvisateurs tendent à vouloir déconstruire ces conventions formelle émergentes assez rapidement. Ils comptent ne laisser aucun engagement formel se solidifier au delà d'un certain caractère liminaire qu'ils jugent désirable dans le cadre de leur activité. Finalement, n'importe quel indicateur pour mesurer le succès d'une performance improvisée doit se référer soit aux principes unificateurs qui soutendent la pratique et représentent le coeur de sonidiomaticité, soit aux exigences momentanées imposées par l'entente.