Thèse soutenue

Psychiatrie, psychanalyse et communisme : essai de sociobiographie des psychiatres communistes (1924 – 1985)

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Auteur / Autrice : Danielle Papiau
Direction : Bernard Pudal
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 16/06/2017
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale Droit et Science Politique (Nanterre)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Marie-Claire Lavabre
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Pudal, Marie-Claire Lavabre, Frédérique Matonti, Patrice Pinell, Laurent Jeanpierre, Francine Muel-Dreyfus
Rapporteurs / Rapporteuses : Frédérique Matonti, Patrice Pinell

Résumé

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Cette thèse se donne pour objet les relations entre psychiatrie, psychanalyse et communisme durant la période 1934-1985, du Front populaire au déclin du PCF dans les années 1980. Elle étudie cette histoire dans sa relation au courant réformateur de l’ordre psychiatrique institué par la loi sur les aliénés du 30 juin 1838 qui émerge dans le champ médical dans les années trente, jusqu’à la normalisation du sous-champ de la psychiatrie publique à la fin des années 80, courant conforté par l’introduction en France de la psychanalyse. A partir de l’analyse des trajectoires biographiques des psychiatres communistes et de la biographie collective du groupe qu’ils constituent en 1945, il s’agit d’articuler l’analyse compréhensive des raisons d’agir avancées par les acteurs et l’objectivation des positions occupées, tant au plan professionnel qu’au plan politique, dans la perspective d’un engagement partisan rapporté à son insertion dans l’histoire sociale du groupe des psychiatres publics. Articulant sociologie des mobilisations et sociologie des professions, l’étude se centre sur les formes d’hybridation sociale pratique et intellectuelle qui se nouent dans l’action entre pratiques militantes et activité professionnelle vécue comme un engagement.Après avoir mis au jour les dispositions des acteurs et les événements qui créent les prémisses d’une identité de psychiatre communiste, seront étudiées l’action conjointe des mécanismes d’homogénéisation et d’encadrement mis en place par le PCF et les appropriations réalisées par les acteurs, en relation avec les différentes configurations de l’entreprise militante et les reconfigurations de l’espace professionnel. On montre en quoi le capital acquis dans l’espace professionnel est mis au service des objectifs de l’entreprise politique, et en quoi le capital militant est une ressource dans les luttes de reconnaissance de la psychiatrie dans le champ médical. Dans le jeu de ces interactions se construit une identité de psychiatre communiste appelée à se rénover suite à la crise internationale du communisme de 1956 et à l’autonomisation de la psychiatrie qui se réalise en 1968.A la différence d’autres espaces médicaux spécialisés, la nature de l’objet de la psychiatrie, la maladie mentale, met en jeu des conceptions indissociablement médicales et philosophiques quant à la nature de l’individu, à son rapport au monde social et aux normes qui définissent le normal et le pathologique. A ce titre les débats qui traversent la psychiatrie ne sont pas indépendants des controverses philosophiques et du développement des sciences sociales. L’étude s’inscrit donc aussi dans une sociologie historique des intellectuels et dans la problématique du rapport des professions intellectuelles avec le politique. Sont aussi interrogées, les relations entre professions intellectuelles et cadres ouvriers devenus des intellectuels d’institution au sein de l’intellectuel collectif communiste, le lien entre discours savant et discours politique, et les tensions entre définition identitaire et clôture du groupe, et vocation messianique impliquant une ouverture aux évolutions du monde social. En modulant l’image d’un affrontement irréconciliable entre marxisme et psychanalyse, la thèse met au jour un lien fort, fait d’alliances et de concurrences entre le marxisme et la psychanalyse, contre les conceptions biologiques du psychisme.