Les sorciers condamnés : chamanisme et mutation dans le monde awajún (Amazonas, Pérou)
Auteur / Autrice : | Simone Garra |
Direction : | Jean-Pierre Chaumeil |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie |
Date : | Soutenance le 12/12/2017 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative (Nanterre ; 1967-...) |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Erikson |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Pierre Chaumeil, Philippe Erikson, Alexandre Surrallés, Oscar Espinosa de Rivero, Anne-Christine Taylor, Anne-Marie Losonczy | |
Rapporteur / Rapporteuse : Alexandre Surrallés, Oscar Espinosa de Rivero |
Mots clés
Résumé
A partir des années soixante-dix, suite à la réorganisation du peuple awajún autour des écoles fondées par les missionnaires et à la création de communautés (comunidades nativas), on assiste à un processus interne de marginalisation des chamanes (iwishin). La présence des iwishin étant à l’origine de conflits intra et inter-communautaires, la plupart d’entre eux sont exécutés ou obligés d’abandonner leurs communautés. Pourtant les accusations de sorcellerie au sein des villages persistent. Aux tensions provoquées par la transgression des normes matrimoniales, s’ajoutent les rivalités pour les fonctions politiques, la concurrence pour les ressources économiques, les inégalités générées par le commerce, les inimitiés factionnelles fomentées par les différents ordres religieux. Tous ces conflits donnent souvent lieu à des accusations de sorcellerie entre voisins. De fait, seul l’expulsion définitive du sorcier présumé peut apaiser – au moins provisoirement – les tensions au sein de la communauté. La ville semble être alors le seul endroit où les « sorciers condamnés » peuvent trouver refuge. La capitale de la province de Condorcanqui, Santa María de Nieva, est ainsi progressivement « envahie » par des dizaines d’Awajún exclus des communautés. Par ailleurs, l’interaction constante entre les communautés et le monde urbain suscite la prolifération de nouvelles formes de sorcellerie chez les Awajún, l’apparition d’un vaste « marché de la guérison » et l’appropriation indigène des outils des sociétés centralisées, plus précisément la bureaucratie étatique et la biomédecine. L’analyse du phénomène provoqué par les accusations de sorcellerie permet ainsi d’aborder un large éventail de changements qui affecte et bouleverse la société awajún contemporaine.