La texture du monde : apprendre la céramique dans une université d’art de Kyōto
Auteur / Autrice : | Alice Doublier |
Direction : | Sophie Houdart |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie |
Date : | Soutenance le 29/09/2017 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative (Nanterre ; 1967-...) |
Jury : | Président / Présidente : Laurence Caillet |
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Houdart, Laurence Caillet, Nicolas Adell, Michael Lucken, Patricia Falguières, Michael Houseman | |
Rapporteur / Rapporteuse : Nicolas Adell, Michael Lucken |
Mots clés
Résumé
Cette thèse est l’ethnographie d’un apprentissage. Elle décrit, par le texte et le dessin, le quotidien d’une promotion de vingt-cinq étudiants au cours des deux années charnières de leur cursus de quatre ans dans une université d’art privée de Kyōto. Ce processus est envisagé à partir de trois aspects principaux et par rapprochements progressifs : son lieu et les savoirs qui s’y fabriquent ; les fours et les collectifs qu’ils engendrent ; les matériaux et les perceptions qu’ils transforment.À rebours d’un modèle traditionnel de transmission d’un maître à ses disciples et au-delà de l’opposition classique entre imitation et création, le récit détaillé des séquences de cours – du tournage à l’émaillage –, de la préparation d’expositions, de l’organisation de la vie collective, des journées et des nuits passées sur le campus ou encore des cuissons ratées ou réussies, rend compte d’un enseignement qui ne vise pas à former des experts, ni à révéler des artistes. Faisant tous les jours l’expérience, souvent douloureuse, de la complexité des transformations de l’argile, se questionnant sans cesse sur la justesse de ce qui est ressenti et sur la possibilité de le partager à d’autres, les étudiants n’apprennent pas tant à savoir qu’à reconnaître leur ignorance, qu’à expérimenter à partir de ce qu’ils ne peuvent contrôler. L’apprentissage apparaît alors comme un travail de composition, une recherche permanente d’équilibre entre des entités instables et fragiles – humains, dispositifs technologiques et matériaux –, une manière de reconfigurer les relations dans une société inquiète d’elle-même.