Thèse soutenue

Le corps maternel : le lieu de la métaphysique

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Auteur / Autrice : Ursula Del Aguila
Direction : Fabienne Brugère
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 26/01/2017
Etablissement(s) : Paris 8
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Pratiques et théories du sens (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoires d'études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie
Jury : Président / Présidente : Nadia Setti
Examinateurs / Examinatrices : Fabienne Brugère, Judith Revel
Rapporteurs / Rapporteuses : Yves Raibaud, Judith Still

Résumé

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Cette étude traque le corps maternel dans l’histoire de la métaphysique. Chez Platon, il oscille entre chôra, nourrice du vivant, et matrice animale qui gouverne le corps féminin Mais la chôra, n’est pas
« Triton Genos » mais premier environnement de l’être qui est exproprié dès son origine. S’en suit l’errance du corps maternel fondatrice de la métaphysique. La volonté d’effacer le corps maternel est au cœur de la métaphysique définie comme haine et jalousie à l’égard de ce corps. Aristote théorise l’engendrement en soi mais inaugure la tradition de l’infériorisation des femmes due à leur matrice que la médecine gréco-­‐latine entérine. Le christianisme comme « métaphysique des sexes » invente une figure du corps maternel purifié avec la Vierge Marie. Aux XVIIe et XVIIIème siècles, le sujet possède son corps et ses enfants et assombrit la dignité de la personne. Le corps maternel agonise et ce matricide dit la nouvelle économie libidinale qui perpétue l’enfouissement renouvelé de la mère. Le corps qui arrive est machine, sans organes et sans utérus. Un corps fabriqué, instrument de soi, qui célèbre la naissance sans mère. Le corps auto-­‐engendré dit le phantasme masculin d’en passer sans le corps maternel. Son analyse dans la cartographie des philosophes femmes du XXème siècle, universaliste, différentialiste, queer, cyborg, est incontournable. Le point culminant de notre étude mesure les enjeux actuels des biotechnologies, phase finale de l’effacement du corps maternel puisqu’elles tendent à l’externaliser et à l’assujettir. Devant le commencement radical qu’ouvre la naissance qui se fait grâce à la chair matricielle pensante des femmes, ne faudrait-­‐il pas bâtir la nouvelle métaphysique sur une ontologie de la vie basée sur l'ordre symbolique de la mère, seule issue possible pour sortir du désordre de la pensée ?