Thèse soutenue

Pratique déclamatoire et enjeux juridiques dans les Déclamations mineures du Pseudo-Quintilien : la codification du crimen raptus

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Auteur / Autrice : Neféli Papakonstantinou
Direction : Sylvie Franchet d'EspèreySophia Georgacopoulou
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études latines
Date : Soutenance le 18/12/2017
Etablissement(s) : Paris 4
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mondes anciens et médiévaux (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Édition, Interprétation, Traduction des Textes Anciens (Paris, France)
Jury : Président / Présidente : Michèle Ducos
Examinateurs / Examinatrices : Charles Guérin, Catherine Schneider, Hélène Karamalengou

Résumé

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Le présent travail constitue une tentative d’interpréter la manière dont le concept du viol émerge comme catégorie pénale, en partant de la réflexion menée par le Pseudo-Quintilien autour du raptus à la fin du Ier et au début du IIe siècle. Ce sont les mécanismes d’édification de la terminologie juridique qui prend en compte le contexte social, et plus concrètement, le degré d’élaboration conceptuelle auquel la jurisprudence sévérienne parviendra un siècle plus tard à l’égard de la qualification du raptus comme crimen vis. À la différence de ses prédécesseurs (déclamateurs et juristes), le Pseudo-Quintilien comprend sous la dénomination du raptus le commerce sexuel illicite (stuprum), commis avec violence (per vim), contre la volonté de la victime qui subit un préjudice corporel et psychique (iniuria). Le rhéteur aborde cette pratique illicite mais non pas encore illégale au stade pré-délictuel, et l’érige en un crimen, en l’inscrivant implicitement dans la procédure de vi publica, afin de dénoncer la tolérance sociale de la violence infligée à une vierge / épouse de condition libre à des fins sexuelles et / ou matrimoniales. En partant des Déclamations mineures qui portent sur le viol, et qui n’ont pas été étudiées de manière systématique comme preuve historique indirecte de la réalité du phénomène aux premiers siècles du Principat, nous examinons le raptus comme crime de violence (crimen vis), reposant sur le préjudice pour atteinte à l’intégrité physique et morale (iniuria) d’une vierge / épouse de condition libre. Faute de témoignages directs sur la réalité antique des femmes violées, nous déplaçons l’intérêt vers l’origine du processus culturel, qui caractérise la vie des citoyennes nubiles : le contexte de la formation de l’aristocratie masculine, qui crée les identités féminines en matière de viol. En faisant valoir la performance de la persona du Pseudo-Quintilien, nous proposons une interprétation du raptus, en conformité avec la perspective du genre, comme phénomène juridique et social, qui engage les relations entre sexes / statuts / classes, et qui influe sur la réalité sociale par son acte de dire.