Engagement relationnel et bénévolat en milieu carcéral : du don et de la reconnaissance en institution totalisante
Auteur / Autrice : | Bernard Petitgas |
Direction : | Philippe Chanial |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie, demographie |
Date : | Soutenance le 01/09/2017 |
Etablissement(s) : | Normandie |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Homme, sociétés, risques, territoire (Rouen) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude et de recherche sur les risques et les vulnérabilités (Caen ; 2004-....) |
établissement de préparation : Université de Caen Normandie (1971-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Marc Bessin |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Chanial, Céline Béraud, Philippe Combessie, Camille Tarot, Sylvain Pasquier | |
Rapporteur / Rapporteuse : Céline Béraud, Philippe Combessie |
Résumé
L’institution totalisante, en tant qu’institution close sur elle-même, hermétique au monde n’existe pas, ni dans l’absolu ni comme idéal type auquel serait comparé, par exemple, l’institution pénitentiaire. Il existe toujours des interfaces humaines, matérielles et temporelles entre les différents espaces sociaux fussent-elles délimitées par des murs et des barbelés. Il convient pour aborder l’univers carcéral, celui dans lequel nous portons notre étude tout en y étant détenu, de parler plutôt d’institution totalisante où se joue continuellement un conflit entre rationalité formelle et matérielle, mais aussi un conflit aux dimensions puissantes de socialisation, de reconfiguration des comportements et de subjectivation des vécus. Notre centre de détention présente un exemple de ce conflit entre un univers répressif normalisé et sécuritaire, et un autre empli de stratégies pragmatiques de survie ou de resocialisation. La complexité qui en résulte est à l’image de la société elle-même et du rapport permanent des individus à leurs institutions.Enrichi par nos précédentes recherches, notre présent travail tente d’aborder deux importants aspects que sont le paradigme du don et la théorie de la reconnaissance, et de les articuler avec l’engagement bénévole en détention. Avant tout, nous voulons démontrer que beaucoup d’aspects du paradigme du don et de la théorie de la reconnaissance sont aussi et déjà présents en contexte d’incarcération. Mais ces aspects présentent la particularité de maintenir la vie de l’institution totalisante en circuit fermé, c’est-à-dire sur elle-même.Le paradigme du don à travers le bénévolat amène à repenser l’espace carcéral comme un espace de socialisation à part entière et éminemment en interaction avec l’extérieur. C’est parce qu’elle est en constante relation avec la société que l’institution totalisante a besoin du bénévolat pour que cette relation, prise dans le paradigme du don, fasse des détenus les responsables mêmes de leurs échanges avec l’extérieur. Dès lors, en termes de rationalisation, entendue comme sens donné par les acteurs à leurs actions et à leurs recherches de liens, les visées sont à la fois pragmatiques, utilitaristes, et altruistes, les détenus s’y redéfinissant dans le cadre de la réciprocité, du rendu et de l’offre, plutôt que de la dette, la stigmatisation et la punition.Le lien social est la base du bénévolat/don. Il est bénéfique à tous en termes de réinsertion et de lutte contre le stigmate pour certains, de place dans le jeu du social pour d’autres. Dans un cadre « d’endettement mutuel positif », c’est bien la socialisation qui s’exprime.