Thèse soutenue

Entre pêche, agriculture et commerces, jouer avec la variabilité écologique et sociale : dynamique d’un système social-écologique dans les plaines inondables du fleuve Congo
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Auteur / Autrice : Marion Comptour
Direction : Doyle Mc KeySophie Caillon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ecologie et Biodiversité
Date : Soutenance le 27/06/2017
Etablissement(s) : Montpellier
Ecole(s) doctorale(s) : GAIA (Montpellier ; École Doctorale ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Bernard Godelle
Examinateurs / Examinatrices : Doyle Mc Key, Sophie Caillon, Oliver Coomes, Daou Véronique Joiris, Christine Raimond, Serge Bahuchet
Rapporteurs / Rapporteuses : Oliver Coomes, Daou Véronique Joiris

Résumé

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Les plaines inondables des grands fleuves tropicaux sont des milieux caractérisés par leurs inondations périodiques au rythme des crues et des décrues. La littérature est abondante à souligner l’aspect paradoxal de ces écosystèmes, entre milieux ‘productifs’, naturellement fertilisés par les dépôts d’alluvions, et milieux ‘contraignants’ et ‘risqués’. Les modes d’exploitation mis en place par les populations vivant dans les plaines inondables sont variés mais dans la majorité des cas, les populations combinent des activités agricoles avec des activités de pêche, de pastoralisme, de chasse, et d’extraction de produits forestiers ligneux et non ligneux. La complémentarité des activités de production est reconnue dans la plupart des études comme une adaptation permettant de valoriser la diversité des ressources naturelles aux différents stades d’inondation, mais cette pluriactivité est rarement examinée en détail. En adoptant une démarche interdisciplinaire, systémique et diachronique, ce travail de thèse vise à démontrer en quoi la pluriactivité favorise l’adaptation des populations à un environnement fluctuant dont la dynamique peut s’observer à trois échelles de temps : l’échelle saisonnière, l’échelle historique du ‘temps long’, et l’échelle de la vie de l’individu. Ce travail repose sur des entretiens ethnographiques, sur la collecte de données éco-hydrologiques, et sur des analyses du paysage réalisés pendant une période de terrain de huit mois dans le village de Mossaka dans la région de la Cuvette congolaise du bassin du Congo. Nous montrons dans un premier temps que l’association spatiale et temporelle d’une multiplicité de techniques de pêche, de plusieurs systèmes agricoles (agriculture sur champs surélevés et agriculture de décrue) dans lesquels est plantée une riche agrobiodiversité ainsi que de nombreuses autres activités dépendantes ou non des ressources naturelles, permettent aux habitants de Mossaka de s’adapter à la variabilité saisonnière du niveau d’eau. Ensuite, en reconstituant la diachronie du système social-écologique, nous regardons comment les différentes activités de subsistance et leur importance relative ont évolué depuis la période précoloniale et nous identifions les principaux leviers de changements. Nous décrivons plus particulièrement les changements démographiques, écologiques, économiques et sociaux qui ont conduit à l’adoption rapide de l’agriculture de décrue depuis une trentaine d’années. Enfin, en analysant les récits de vie de plusieurs habitants de Mossaka, nous montrons que la grande flexibilité des systèmes de subsistance pluriactifs des individus permet de répondre à différents enjeux et incertitudes notamment d’ordre social. Ce travail de thèse constitue un apport au faible nombre d’études qui regardent de manière intégrée les différentes activités composant les systèmes de subsistance en plaines inondables et se prononce en faveur d’une meilleure reconnaissance de la pluriactivité et également de la diversité sociale. Ce travail participe aussi à une meilleure compréhension de la région de la Cuvette congolaise qui, malgré son rôle écologique et économique majeur, a jusque-là peu attiré les intérêts scientifiques.