Évaluation des interventions numériques visant un changement de comportement de santé : un enjeu paradigmatique
Auteur / Autrice : | François Carbonnel |
Direction : | Grégory Ninot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | PSYCHOLOGIE spécialité Psychologie sociale |
Date : | Soutenance le 20/12/2017 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : EPSYLON - Dynamique des capacités humaines et des conduites de santé - Dynamique des capacités humaines et des conduites de santé / EPSYLON |
Jury : | Président / Présidente : Sophie Martin |
Examinateurs / Examinatrices : Sandra Bringay, Isabelle Boulze, Linda Cambon, Gérard Bourrel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Kamel Gana, Laurent Gerbaud |
Mots clés
Résumé
Face à la multiplication exponentielle du nombre de personnes souffrant d’une maladie chronique d’origine comportementale (e.g., tabagisme, alcoolisme, mauvaise alimentation, sédentarité), des interventions non médicamenteuses (INM) agissant sur ces comportements modifiables sont devenues incontournables en prévention et en complément des traitements. Parmi ces INM, les interventions numériques santé (INS) ouvrent un champ prometteur de changement durable de comportement de santé (e.g., objet connecté santé, application pour le téléphone, jeu vidéo). La thèse s’intéresse, au-delà de leur ergonomie et de leur fonctionnalité, à leur évaluation santé, de leur validation à leur surveillance. La première étude recense les modèles proposés dans le monde pour évaluer ces INS et les catégorise selon leurs paradigmes épistémologiques sous-jacents. Les résultats montrent une augmentation exponentielle de ces modèles et une absence de consensus ou de convergence vers un modèle comme cela a été le cas dans le médicament à la fin du XXème siècle. La deuxième étude s’appuie sur une revue systématique ayant identifié 90 essais interventionnels publiés testant les bénéfices et les risques de solutions numériques visant à lutter contre le tabagisme. Les résultats montrent une efficacité de certaines INS sur le tabagisme mais issue d’un corpus méthodologique très hétérogène limitant la portée des conclusions. Cette hétérogénéité est liée aux caractéristiques intrinsèques des INS (e.g., technologies utilisées et combinaison entre elles, multiplicité des théories du changement de comportement utilisées), aux méthodes d’évaluation utilisées (e.g., type de groupe contrôle, durée de suivi) et aux critères de jugement choisis (e.g., réduction du tabagisme ou arrêt). La discussion porte sur les limites actuelles dans la mise en évidence de l’efficacité et des risques des INS à cause d’approches paradigmatiques parallèles, le paradigme biomédical, le paradigme d’ingénierie et le paradigme comportemental. Le manque de consensus limite la comparabilité et la reproductibilité des résultats des études testant ces solutions numériques de santé. Elles restent pour la plupart à ce jour des solutions gadgets malgré un potentiel prometteur et promis par les industriels. La thèse encourage à la convergence vers un modèle consensuel de détermination du bénéfice/risque santé fondé sur la science de chaque INS et fait des propositions en ce sens.