Thèse soutenue

L'épreuve de l'étranger, traductions françaises d'écrivains sri lankais contemporains de langue anglaise

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Auteur / Autrice : Niroshini Gunasekera
Direction : Claire OmhovèreAdriana ŞerbanSarath Amunugama
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études du monde anglophone
Date : Soutenance le 12/12/2017
Etablissement(s) : Montpellier 3 en cotutelle avec Université de Kelaniya (Sri Lanka)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Etudes montpelliéraines du monde anglophone - Etudes montpelliéraines du monde anglophone / EMMA
Jury : Président / Présidente : Pascale Sardin
Rapporteurs / Rapporteuses : Gérard Robuchon

Résumé

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La traduction est une affaire culturelle. De prime abord, elle se présente comme la recherche d’équivalents lors du passage d’une langue à l’autre. Mais si on se penche sur le travail qu’effectuent les traducteurs, on se rend compte rapidement que traduire exige des opérations bien plus complexes. Ainsi, un texte littéraire rédigé en une langue ne peut pas être traduit vers une autre langue sans que le traducteur ou la traductrice fasse attention au contenu culturel que véhicule la langue. Un même message est communiqué de deux manières différentes par deux peuples issus de cultures distinctes. Ainsi opère un système très complexe qui déborde le champ de la linguistique et s’enracine dans la culture qu’exprime chaque langue. Toutes les actions humaines, la communication, les sentiments, les réactions, la compréhension, l’interprétation (pour en nommer quelques-unes) ont la culture pour fondement.Intitulée « L’épreuve de l’étranger : traductions françaises d’écrivains sri lankais contemporains de langue anglaise », notre thèse a pour mots-clés : « culture », « sri lankais » et « traduction ». Elle a pour point de départ une question formulée en quelques mots simples : comment transmettre en français la culture sri lankaise ? Ces deux cultures sont distantes sur le plan géographique mais aussi pour ce qui concerne leurs pratiques et leurs valeurs. C’est donc une rencontre entre l’Orient et l’Occident que permet la traduction par le truchement de la langue anglaise.Les deux œuvres que nous avons choisies pour notre corpus, Funny Boy de Shyam Selvadurai (1994) et Running in the Family de Michael Ondaatje (1982), sont imprégnées de culture sri lankaise. Nous avons tenté de mettre en évidence systématiquement les stratégies utilisées par les traducteurs pour préserver l’identité de la culture source. La tâche du traducteur n’est pas de dissimuler ou de minimiser les éléments culturels sri lankais mais de les rendre visibles dans ses textes. Par les stratégies qu’il utilise, le traducteur parvient à préserver la culture sri lankaise dans le texte d’arrivée, du moins dans des limites qu’il nous faudra également définir. Lawrence Venuti (2004 : 20) propose un système binaire, la traduction ethnocentrique ou domesticating (naturalisation) et la traduction éthique qui laisse place à l’étrangeté qu’il qualifie de foreignizing (dépaysement). Conserver les traces de l’œuvre originale est considéré comme la chose la plus importante. Nous nous plaçons ainsi entre les stratégies de naturalisation et de dépaysement. Traduire, c’est effectuer un travail qui « est ouverture, dialogue, métissage et décentrement » comme l’écrit Berman (1984 : 16), c’est aussi négocier un autre type de produit final.Dans un premier temps, nous verrons comment opère le dépaysement en tant que stratégie de traduction dans Drôle de garçon (Frédéric Limare et Susan Fox-Limare, 1998) de Shyam Selvadurai et Un air de famille (Marie-Odile Fortier-Masek, 1991) de Michael Ondaatje. Dans un deuxième temps, nous prêterons attention à la stratégie de la naturalisation qui rend la lecture plus fluide, en atténuant les différences trop importantes entre cultures. Dans un troisième temps, nous verrons de quelle manière certaines faits culturels restent intraduits dans les traductions pour diverses raisons que nous identifierons au cours de l’analyse, tout en repérant également les ellipses qui modifient le message d’origine. Notre analyse tentera de démontrer que la traduction est une rencontre entre les cultures : une rencontre qui se fait de manière fructueuse pour enrichir la littérature d’une culture nouvelle en permettant au lecteur un voyage vers une destination lointaine.Mots clés : culture, dépaysement, Funny Boy, Michael Ondaatje, naturalisation, Running in the Family, Shyam Selvadurai, Sri Lanka, traduction