Thèse soutenue

Identification des principaux freins et leviers du retour à l'emploi, dans l'année suivant le début des traitements de cancer du sein : quels apports des variables psychosociales ? Une étude longitudinale et prospective en psychologie de la santé

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Auteur / Autrice : Bertrand Porro
Direction : Florence Cousson-Gélie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : PSYCHOLOGIE spécialité Psychologie du Développement
Date : Soutenance le 01/12/2017
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : Territoires, Temps, Sociétés et Développement
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : EPSYLON - Dynamique des capacités humaines et des conduites de santé - Dynamique des capacités humaines et des conduites de santé / EPSYLON
Jury : Président / Présidente : Aude Michel
Rapporteurs / Rapporteuses : Carole Fantini-Hauwel, Didier Truchot

Résumé

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Introduction : Le diagnostic de cancer du sein, les symptômes et les effets secondaires des traitements, entraînent de multiples déficits physiques et psychologiques qui peuvent avoir des effets sur la vie professionnelle. En effet, avec un âge médian de 63 ans au moment du diagnostic de cancer du sein, la moitié des femmes sont encore en âge de travailler. Pourtant, après le diagnostic, toutes les femmes ne retournent pas au travail. Afin d’expliquer ce phénomène, de nombreuses études se sont intéressées aux déterminants sociodémographiques, professionnels et médicaux impactant le retour à l’emploi des patientes ; or ces seuls facteurs ne suffisent pas à expliquer le non-retour à l’emploi des femmes. Il semble qu’un certain nombre de facteurs psychosociaux puissent également rendre compte du retour à l’emploi.Objectifs : L’objectif principal de cette étude est d’identifier les principaux déterminants psychosociaux du retour à l’emploi des femmes ayant un cancer du sein durant l’année suivant le début de leurs traitements adjuvants. Un objectif secondaire consiste à appréhender l’impact des variations de ces déterminants psychosociaux sur le retour à l’emploi des patientes.Méthode : Nous avons réalisé une étude longitudinale et prospective auprès de 68 patientes d’âge moyen 46,97 (ET = 6,92), en emploi au moment du diagnostic de cancer du sein, recrutées au Montpellier Institut du Sein (MIS). Les femmes ont été rencontrées lors d’un premier temps de mesure, par entretien interindividuel, en début de traitements adjuvants (T0). Par la suite, elles ont été suivies par voie téléphonique à 3, 6 et 12 mois après T0 (T1, T2 et T3, respectivement). Les données sociodémographiques, professionnelles, médicales, la précarité (score EPICES), le névrosisme (Néo-PI r), la qualité de vie (QLQ-C30), la fatigue (MFI 20), le développement post traumatique (PTGI), la détresse sociale (SDI) et le soutien social perçu (QSSSC) ont été évalués à T0. À T1, T2 et T3 nous avons relevé : le fait d’être en couple, de subvenir ou non aux études des enfants, le recueil de toxicités liées au traitement médical et le retour à l’emploi. À T2 et T3 nous avons également évalué : la qualité de vie, le développement post-traumatique, la fatigue, la détresse sociale et le soutien social perçu.Résultats : À T1, 50,0% des patientes sont de retour à l’emploi ; à T2, 60,7% sont de retour à l’emploi ; à T3, 74,5% d’entre elles sont de retour à l’emploi. Les résultats des analyses de régression logistique indiquent qu’une forte perception de soutien négatif à T0, OR = 0,74 [0,56 – 0,97] et à T3, OR = 0,59 [0,39 – 0,90], une forte sensation de fatigue physique à T3, OR = 0,55 [0,36 – 0,80] et une précarité élevée, OR = 0,94 [0,89 – 0,99], sont des freins au retour à l’emploi à T3. En revanche, un bon état physique à T0, OR = 1,17 [1,02 – 1,33] et un bon état cognitif à T2, OR = 1,06 [1,01 – 1,11] sont des leviers du retour à l’emploi à T3. Par ailleurs, nous observons qu’une bonne santé globale, OR = 1,10 [1,001 – 1,20] ainsi qu’un bon état cognitif, OR = 1,08 [1,02 – 1,15], à T2, sont des leviers du retour à l’emploi à ce même moment, alors qu’une augmentation de la fatigue mentale, entre T0 et T2, diminue les chances de retour à l’emploi à T2, OR = 0,13 [0,02 – 0,80]. Enfin, les résultats de notre étude montrent qu’une bonne santé globale à T0 est un levier du retour à l’emploi à T1, OR = 1,05 [1,01 – 1,10].Conclusion : Les déterminants psychosociaux, notamment le soutien social, la précarité, la qualité de vie et la fatigue, peuvent jouer un rôle important pour prédire le retour à l’emploi des femmes ayant un cancer du sein. Cela justifie l’intérêt d’une prise en charge pluridisciplinaire du cancer et encourage l’émergence d’un modèle théorique du maintien en emploi, tenant compte à la fois des caractéristiques sociodémographiques, professionnelles, médicales, sociales, physiques et psychologiques des patientes.