Thèse soutenue

Identités linguistiques et représentations des langues en usage en Algérie (Enquête auprès de jeunes algériens en France et en Algérie).

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Chahrazed Dahou
Direction : Henri Boyer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 27/11/2017
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : DIPRALANG (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Jean-Marie Prieur
Rapporteurs / Rapporteuses : Marinette Matthey, Marielle Rispail

Résumé

FR  |  
EN

Cette recherche opère un renversement du mode de construction de l’objet de la recherche en sciences du langage. Elle tente de comprendre, à travers une enquête sociolinguistique par entretiens, le rapport subjectif de jeunes locuteurs algériens à l’égard de leurs langues (algérienne, arabe, tamazight, français). Bien que les attitudes à l’égard de ces langues se sont imposées à l’analyse pour préciser le statut particulièrement complexe des langues en usage en Algérie, cette recherche tente plus particulièrement de comprendre un rapport souvent considéré comme allant de soi : le rapport subjectif à leur langue dite de « religion », « la langue arabe » (sans autre précision). Nombreuses sont les questions qui ont animées l’enquête sociolinguistique et anthropologique à partir de laquelle part le questionnement centré sur le mythe du sacré dans la langue arabe.Intrinsèquement liée au Coran, ce corps d’une ‘Umma imaginaire à laquelle tout algérien s’imagine appartenir ou ne pas appartenir, la langue arabe suscite des positionnements ambivalents chez ses tenants : quelles sont les positions subjectives d’étudiants algériens motivés par la réussite, mus par leurs rêves, à l’égard de la langue arabe de religion ? La dimension diglossique qui inspire les désignations fluctuantes « langue/dialecte » entraineraient-elles des spécificités chez les locuteurs arabophones et/ou berbérophones algériens ? Si oui, quelles attitudes et représentations renferme cette idéologie dieu-glossique ? Les locuteurs assument-ils la désignation « sacré » associée à la langue arabe ? Cet imaginaire linguistique (« langue d’Adam, du Paradis, pure, NOtre langue, langue de l’intercompréhension ») serait-il de nature à influencer les comportements linguistiques des locuteurs arabophones ? En effet, qui mieux qu’un locuteur arabophone pour expliquer le clivage entre une sorte de respect exagéré de la forme de ce qui est désignée « langue » d’un côté, en même temps, sa stigmatisation de l’autre ? Serait-ce de l’ordre du fétichisme de la langue ? Le traitement de ces questions révèle la manière dont chacun et chacune des jeunes locuteurs et locutrices algériennes interrogé.e.s exprime son rapport subjectif à sa langue de religion et de scolarisation : sublime pour l’un, horrible pour l’Autre, la langue sacrée a « plus d’un tour dans son sacre ».