Les sommets de l'excellence. Sociologie de l'excellence en alpinisme, au Royaume-Uni et en France, du XIXème siècle à nos jours
Auteur / Autrice : | Delphine Moraldo |
Direction : | Bernard Lahire |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 09/10/2017 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure de Lyon (2010-...) |
Laboratoire : Centre Max Weber (Lyon ; Saint-Étienne ; 2011-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Stéphane Beaud |
Examinateurs / Examinatrices : Bernard Lahire, Stéphane Beaud, Christine Mennesson, Muriel Darmon, Charles Suaud, Sylvia Faure | |
Rapporteur / Rapporteuse : Christine Mennesson, Muriel Darmon |
Mots clés
Résumé
Cette thèse propose une approche socio-historique de l’excellence en alpinisme, sur une période qui s’étend de l’apparition de l’Alpine Club britannique, le premier club alpin au monde, créé en 1856, jusqu’au début du XXIe siècle. L’excellence est envisagée sous l’angle d’un triple rapport : un rapport à la pratique, qui désigne les manières légitimes de pratiquer, un rapport à soi-même, qui renvoie à la façon dont les alpinistes excellents (les « grands alpinistes ») se perçoivent et envisagent leurs trajectoires biographiques, et un rapport aux autres individus, c'est-à-dire la manière dont ces alpinistes appréhendent et se distinguent des autres usagers de la montagne et des non-alpinistes. À partir des discours des membres de l’élite de l’alpinisme britannique et français, la question est posée de savoir comment se crée, se transmet, se diffuse dans l’espace et se maintient dans le temps un « esprit de l’alpinisme » entendu à la fois comme mentalité, esprit de corps, ethos, et principes éthiques au fondement de l’excellence, fortement distinctif, identitaire et fédérateur, au principe d’un sentiment d’appartenance, voire d’une identité collective. Centré sur le Royaume-Uni, berceau de l’alpinisme et lieu de codification d’une forme originelle d’excellence, encore perçue comme spécifique de nos jours, ce travail considère l’alpinisme français, d’apparition plus tardive, comme contre-point comparatif servant notamment à étudier des phénomènes de diffusion de la conception britannique de l’excellence. La question de la genèse historique d’un « grand alpinisme » sur le temps long se double enfin de celle de la fabrique biographique du « grand alpiniste », sur le temps court de la trajectoire biographique. Ce faisant, c’est un travail de dénaturalisation de l’excellence, pensée comme un construit historique et social, qui est entrepris. L’étude des trois dimensions de l’excellence (rapport à l’activité, à soi, et aux autres) se fait en premier lieu à partir d’un matériau original : un corpus de 62 autobiographies d’alpinistes. Son usage s’accompagne d’une réflexion méthodologique sur les conditions de sa validité sociologique. Afin de réinscrire ces discours dans leurs cadres historiques et sociaux d’énonciation, d’autres matériaux sont mobilisés : 16 entretiens, deux bases de données (dont l’une permet de mener une analyse prosopographique), les articles et les notices nécrologiques des revues des grands clubs alpins sélectifs des deux pays.