Thèse soutenue

Ovide et le théâtre tragique français des XVIe et XVIIe siècles (Métamorphoses et Héroïdes)

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Auteur / Autrice : Maurizio Busca
Direction : Sabine LardonMichele Mastroianni
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance le 15/05/2017
Etablissement(s) : Lyon en cotutelle avec Università degli studi (Turin, Italie). Dipartimento di Scienze letterarie e filologiche
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement opérateur de soutenance : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....)
Jury : Président / Présidente : Christian Biet
Examinateurs / Examinatrices : Sabine Lardon, Michele Mastroianni, Christian Biet, Daniela Mauri, Alessandra Preda, Alain Génetiot
Rapporteur / Rapporteuse : Daniela Mauri, Alessandra Preda

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Le présent travail propose une étude diachronique des tragédies d’argument ovidien parues en France entre la moitié du XVIe et la fin du XVIIe siècle, ainsi qu’une étude ciblée des tragédies dont le sujet est tiré du recueil des Héroïdes.La littérature française de ces époques, on le sait, est liée intimement à l’œuvre d’Ovide : non seulement les écrits du poète connaissent une diffusion extraordinaire, mais leurs traductions, réécritures et imitations, leurs adaptations théâtrales et leurs transpositions figuratives sont légion. La diffusion et l’appropriation des œuvres d’Ovide ont contribué à la naissance de nouveaux genres littéraires et ont donné lieu à l’émergence de phénomènes d’émulation qui ont nourri notamment l’élaboration de l’esthétique galante et élégiaque dans la seconde moitié du XVIIe siècle, ainsi que Marie-Claire Chatelain l’a montré. Le caractère extrêmement capillaire et stratifié de la présence d’Ovide dans la culture française, par conséquent, impose la plus grande prudence.L’étude des tragédies d’argument ovidien montre, tout d’abord, que les auteurs ont la tendance à ne pas afficher leurs dettes envers Ovide dans leurs textes liminaires, en préférant mentionner des auteurs anciens considérés comme plus prestigieux. Pourtant, surtout dans la première moitié du XVIIe siècle, les cas d’imitation proche du modèle sont nombreux. Certes, l’étendue généralement modeste des morceaux poétiques qu’Ovide accorde aux mythes qu’il développe dans ses œuvres implique un travail d’amplificatio imposant, dans lequel l’intertexte ovidien peut finir par se délayer. Par ailleurs, les contraintes que le passage de genre impose aux dramaturges entraînent des changements non seulement aux niveaux de l’elocutio et de la dispositio mais aussi de l’inventio : tout n’est pas représentable sur la scène tragique française et, inversement, certains éléments qui peuvent manquer dans une épître ou un récit d’Ovide ne peuvent pas faire défaut dans une pièce théâtrale de certaines époques. La production de pièces de sujet ovidien est considérable dans les années 1620-1630 ; elle connaît une baisse remarquable dans les années 1640-1660, pour remonter à partir des années 1670 : l’essor de la tragédie lyrique, souvent de sujet métamorphique, entraîne la production de tragédies du même sujet par une dynamique d’émulation.Si l’influence des Héroïdes sur le théâtre tragique français est souvent tenue pour certaine, aucune étude systématique n’avait été menée pour le vérifier jusqu’à présent. Nous avons retenu, dans notre corpus, seulement les pièces traitant des héroïnes et des héros du recueil. Dans la première partie du XVIIe siècle on assiste généralement à des pratiques d’imitation proche du modèle ; au fil du siècle, en revanche, les auteurs prennent de plus en plus les distances du texte ovidien, en s’inspirant davantage des pièces de leurs prédécesseurs français. Environ la moitié des Héroïdes ne connaît pas de transposition théâtrale, et dans le cas de plusieurs personnages (Phèdre, Didon, Médée) les auteurs de théâtre négligent les relectures élégiaques proposées par Ovide en privilégiant les sources anciennes tragiques et épiques.Sans avoir la prétention de fournir des réponses exhaustives sur la question du rayonnement d’Ovide dans le théâtre tragique français des XVIe et XVIIe siècles, cette thèse ne constitue que la première étape d’un travail plus vaste. Cette première étape, néanmoins, aura permis de relever que les liens entre l’œuvre d’Ovide (notamment les Héroïdes) et le théâtre tragique français sont plus complexes que ce que l’on croit.